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agriculture – Le Pharmachien https://lepharmachien.com par Olivier Bernard, pharmacien (B.Pharm, M.Sc, FOPQ) Fri, 26 Apr 2024 13:05:44 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.21 https://i1.wp.com/lepharmachien.com/wp-content/uploads/2022/12/cropped-favicon.png?fit=32%2C32&ssl=1 agriculture – Le Pharmachien https://lepharmachien.com 32 32 Comment choisir un expert en 5 étapes (pas toujours) faciles https://lepharmachien.com/expert/ https://lepharmachien.com/expert/#comments Thu, 24 Nov 2022 14:57:52 +0000 http://lepharmachien.com/?p=8710

 

Ce genre de situation m’arrive tout le temps : on me demande ce que je pense de telle nouvelle dans les journaux, de telle entrevue à la radio, de tel documentaire à la télé, et je constate que les « experts » qu’on y retrouve ne sont pas les bons. OK, ils ou elles ont de belles qualifications et citent des références qui sonnent crédibles, mais pourtant, leurs propos sont incomplets, confus, manquent de nuances, ou parfois n’ont carrément pas rapport.

 

Vous vous en doutez sûrement, mais un « expert » n’est pas juste n’importe quelle personne qui parle souvent d’un sujet, ou qui a beaucoup de followers sur un réseau social quelconque. Si c’était le cas, tout le monde pourrait éventuellement devenir un expert.

 

 

On ne devient pas non plus un expert en disant qu’on en est un.

 

 

Un des problèmes, à mon avis, est le mot « expert » lui-même. On a tendance à l’utiliser pour n’importe quelle personne qui a un titre quelconque, et qui est interviewée (moi-même, j’ai cette mauvaise habitude ! ).

 

 

Après avoir lu pas mal sur le sujet (ce qui ne fait pas de moi un expert en passant ! ), mon impression est qu’il n’y a pas de définition parfaite pour décrire ce qu’est – ou devrait être – un.e expert.e. Ça semble d’ailleurs varier légèrement d’un domaine à l’autre (et ça fait aussi l’objet de débats, que je vous épargne ici, mais consultez les références au bas de la page si ça vous allume).

 

Mais de toute façon, la question qui me semble la plus importante, c’est plutôt : qui devrait-on interviewer dans les médias comme source d’information / référence crédible sur un sujet scientifique complexe ? Je n’ai aucun doute que votre souhait est de choisir la bonne personne, pour le bon sujet, dans la bonne situation. Et c’est précisément pour réfléchir à tout ça que j’écris cet article.

 

Je l’écris dans l’espoir qu’il rejoigne des journalistes, recherchistes, réalisatrices, producteurs et médias en général, mais aussi, pour vous aider si jamais vous devez interviewer quelqu’un pour un documentaire, podcast, projet scolaire ou autre.

 

Voici cinq (5) questions que vous pouvez vous poser dans votre processus de sélection, que l’élaborerai ensuite :

 

1. Est-ce que la personne a une formation dans le domaine dont on souhaite parler ?

2. Est-ce que la personne parle d’un sujet qui fait partie de son champ de compétences ou d’expertise ?

3. Est-ce que la personne a fait de la recherche, et si oui, quelles recherches ?

4. Est-ce que la personne est reconnue comme crédible par ses pairs ?

5. Est-ce que la personne est capable d’admettre quand elle n’est pas la bonne (ou la meilleure) ?

 

C’est vraiment sans jugement que je vous propose ces questions et conseils. D’ailleurs, j’ai moi-même fait des mauvais choix pour certaines entrevues… personne n’est à l’abri de ça. Bref, mon but ici n’est pas de critiquer ou pointer du doigt, mais plutôt de réfléchir ensemble à comment s’améliorer.

 

Certaines des questions qui suivent sembleront banales, voire l’évidence même. Mais malheureusement, ces règles de base ne sont pas toujours suivies. Donc justement, je vous propose de revenir à la base !

 

avertissements pharmachien

  • Je tiens à préciser que cette liste n’est pas un guide absolu, seulement un outil de réflexion. Le but ici n’est absolument pas de vous encourager à choisir seulement des gens qui correspondent à tous les critères proposés. Le but n’est pas non plus de répondre par un « oui ou non » clair à chacune des questions. L’idée est plutôt de garder ces questions en tête, et d’y réfléchir en cas de doute. Dans tous les cas, ça demeure une question de jugement.
  • J’y reviendrai à travers l’article, mais certaines des meilleures vulgarisatrices et des meilleurs communicateurs ne sont forcément pas des « experts », mais simplement des gens qualifiés dans le domaine qui s’expriment de manière simple, claire et succincte. Le défi est de bien choisir les situations qui exigent une expertise plus pointue pour parler d’un sujet.
  • Tant qu’à y être, je tiens aussi à souligner que moi-même, je ne suis définitivement PAS un véritable expert ! J’ai un champ de compétences général (pharmacie clinique), et des champs d’intérêt plus poussés dont certains ne sont pas super communs (ex. pseudosciences et thérapies alternatives, pensée critique, communication scientifique), mais jamais je ne prétendrais avoir une « expertise » dans l’un ou l’autre de ces domaines. 
  • Ces questions ne sont évidemment pas exhaustives; on pourrait en écrire 50 si on voulait. J’ai essayé de condenser le tout pour que ça soit facile à appliquer.

 

 

 

 

 

1. Est-ce que la personne a une formation dans le domaine dont on souhaite parler ?

 

C’est la question la plus « basic » : est-ce que la personne a des qualifications formelles ?

 

Certains cas sautent aux yeux :

 

Mais je remarque qu’on a quand même souvent tendance à confondre avoir « beaucoup d’expérience » VS avoir une formation à proprement parler.

 

EXEMPLE A :

Quand il est question d’environnement ou d’agriculture, les médias vont très souvent interviewer, comme seul intervenant, le représentant ou porte-parole d’un groupe militant écologiste (ex. Greenpeace ou similaire). Or, même si ces personnes ont une grande connaissance de leur domaine, et que leur point de vue est important, leur avis devrait accompagner, non pas remplacer celui d’une personne qui a une formation de pointe dans le domaine concerné.

En effet, l’expert a le recul nécessaire pour cerner toutes les subtilités et nuances essentielles, ce qui l’encourage à parler avec une grande prudence.

 

Encore là, ça peut sembler évident à première vue.

Mais là où ça se complique, c’est quand on entre dans des sujets plus pointus, où une formation de base n’est peut-être pas suffisante pour parler avec autorité.

 

EXEMPLE B :

Une médecin omnipraticienne (généraliste / de famille) travaille dans une clinique privée, où elle dit se « spécialiser » dans « la santé cardiovasculaire et métabolique ». Elle dit « exceller » dans ce domaine, dans lequel elle a développé une « expertise » pendant « plus de 15 ans ».

Pourtant, quand on examine son C.V., on constate qu’elle n’a jamais fait de formation formelle dans le domaine; elle semble plutôt autodidacte.

 

 

Peut-on l’interviewer sur le sujet des maladies cardiaques et métaboliques ? Oui, mais il serait souhaitable d’interviewer au minimum un médecin spécialiste dans ce domaine.

La médecin généraliste du privé pourrait parler de son expérience, qui a certainement une grande valeur, mais son avis ne devrait pas remplacer celui d’un.e spécialiste qui a une formation de pointe sur le sujet.

 

P.S. Petit bémol sur ce point : dans certains domaines, il n’y a pas toujours de formation « officielle », ou encore, la formation exacte peut être difficile à évaluer. On me cite par exemple le domaine du jeu vidéo. Donc ce type de situation entre dans ce que je disais dans les avertissements en introduction : il faut user de son jugement.

 

 

 

 

2. Est-ce que la personne parle d’un sujet qui fait partie de son champ de compétences ou d’expertise ?

 

Après de bonnes recherches, vous avez trouvé une personne qui a une excellente formation et des super qualifications. Cool !

 

Mais cette personne est-elle qualifiée sur le sujet dont vous voulez parler ?

 

 

Je n’en reviens pas du nombre de fois où on nous vante toutes les qualifications d’un « expert », mais que jamais il n’est mentionné que son expertise n’a rien à voir avec le sujet dont on discute !

 

EXEMPLE A :

Un chercheur universitaire renommé est interviewé sur la gestion de la pandémie de la COVID-19, et sur la prévention de pandémies futures. Or, c’est un vrai expert… dans le domaine du génie des sols.

Un autre élément de difficulté est que certains domaines peuvent sembler précis, mais sont en réalité très flous. Par exemple, avoir un doctorat (Ph.D) et/ou faire de la recherche en « médecine expérimentale », en « immunologie », ou même en « psychologie », peut faire référence à des dizaines de choses complètement différentes.

 

EXEMPLE B :

Une chercheuse écrit des chroniques dans les journaux comme spécialiste de la nutrition. Elle y donne des conseils sur l’alimentation, du genre : « mangez plus de ceci, moins de cela ». Or, c’est bel et bien une scientifique tout à fait crédible dans son domaine : elle a fait des recherches à propos de l’effet de certaines molécules alimentaires… sur des cellules en éprouvette.

Le problème ici est que sa compétence est en recherche fondamentale, mais qu’elle n’a pas nécessairement le bagage clinique nécessaire pour donner des conseils pratico-pratiques au grand public.

 

EXEMPLE C :

Une personne qui se présente comme « spécialiste des neurosciences » participe à des émissions où elle parle d’une grande variété de sujets en lien avec le cerveau humain. Mais après vérification, son background est… en finances. C’est parce que les neurosciences, c’est un terme extrêmement large, qui peut regrouper à la fois des biologistes, des experts du langage, des chercheurs en sciences sociales, etc. Bref, il faudrait s’assurer d’inviter cette personne dans le bon contexte, et non pas sur n’importe quel sujet en lien avec le cerveau.

 

La grande question est alors : pourquoi certains scientifiques (pas des tonnes, cela dit) acceptent-ils de parler de sujets qui sont en-dehors de leur compétences ? Il n’y a pas de raison simple; la question #5 élaborera davantage sur ce point. Gardez tout simplement en tête que : ça arrive.

 

 

 

 

 

3.  Est-ce que la personne a fait de la recherche et, si oui, quelles recherches ?

 

Faire des recherches scientifiques, et surtout les publier, n’est vraiment pas donné à tout le monde. Donc, il ne serait raisonnable de s’attendre à ce que seul.es les chercheurs et chercheuses soient des sources d’information crédible pour les médias. Et aussi, faire de la recherche n’est pas en soi un gage d’expertise.

 

Cela dit, si le sujet que vous souhaitez aborder est très niché et complexe, et qu’il exige énormément de précisions et de nuances, interviewer des personnes du milieu de la recherche est souvent une bonne idée, car leur perspective est unique.

 

Par contre, certaines personnes se présentent d’emblée comme des « chercheurs » ou mettent cette information de l’avant comme gage de leur crédibilité, alors que leur lien avec la recherche n’est pas si clair. Et vu que cette affirmation leur donne effectivement un bonus de réputation, on se doit d’y réfléchir un peu.

 

 

Par exemple, il existe des chercheurs dans le domaine universitaire (académique), et aussi dans le domaine privé (ex. dans des compagnies). Mais en théorie, quelqu’un pourrait faire des recherches dans son sous-sol et se dire « chercheur indépendant »… 

 

 

Ou encore, on peut avoir travaillé en recherche dans le passé, sans toutefois être chercheur.euse de carrière. Moi par exemple, j’ai fait une maîtrise en recherche fondamentale il y a 16 ans, mais rien du genre depuis. Donc si je commençais soudainement à me dire « chercheur », ça serait vraiment louche.

 

 

Avoir « publié des recherches » est une autre affirmation qu’on se doit s’examiner.

 

En sciences, par exemple, les travaux de recherche se publient dans des périodiques scientifiques de qualité, où ils sont évalués par les pairs (i.e. analysés, critiqués et ultimement approuvés par d’autres experts indépendants dans le domaine).

 

 

Malheureusement, certaines personnes vont se vanter d’avoir « fait des recherches », et de « les avoir publiées », sous prétexte qu’elles ont publié un livre. Le problème, c’est qu’un livre n’est pas évalué par les pairs. Un livre, c’est une vision personnelle de l’auteur ou autrice, qui peut être super rigoureuse… ou pas rigoureuse du tout.

(une exception serait les livres académiques, i.e. publiés par des universitaires et utilisés comme manuels dans les cours, qui peuvent dans certains cas faire l’objet d’une évaluation par les pairs)

 

 

Pour être 100% clair : c’est bien correct d’interviewer quelqu’un qui vient de publier un livre. J’en publie moi-même, après tout, et j’espère pouvoir en parler dans les médias ! Mais plus tard, quand vient le temps de solliciter l’avis d’un expert sur un sujet pointu, le fait d’avoir publié un livre devrait avoir peu ou pas de poids dans cette décision.

 

Et non, avoir publié un livre « bestseller » ne change absolument rien. C’est un argument de vente qui se défend, mais pas du tout un gage de crédibilité.

 

 

Un dernier point à propos des recherches : si « l’expert » que vous souhaitez interviewer s’apprête à critiquer ou démentir un point de vue majoritaire / dominant chez les collègues de son domaine, alors c’est d’autant plus important que ce soit un chercheur ou une chercheuse.

 

La raison est simple : en sciences, quand on veut critiquer (ce qui est fortement encouragé), ça ne se fait PAS sur la place publique, mais plutôt dans les voies existantes à l’intérieur de la communauté scientifique, par exemple dans les journaux et congrès scientifiques.

 

Bref, un « expert » qui critique tout le monde sans jamais avoir soumis ses arguments dans une des voies officielles… c’est louche. 

 

 

 

 

 

 

4. Est-ce que la personne est reconnue comme crédible par ses pairs ?

 

Cette question est l’une des plus difficiles, car on ne peut pas y répondre par soi-même; il faut la poser à quelques personnes du milieu. Ça demande donc du temps, qui est malheureusement en quantité limitée dans les médias.

 

Le danger, c’est qu’il y a une infime minorité de professionnels et de scientifiques qui disent n’importe quoi.

 

Les raisons pour ce phénomène sont extraordinairement complexes, et pour moi-même ça demeure un casse-tête; j’ai proposé quelques pistes de réponses dans cet autre article.

 

Donc l’enjeu le suivant : si vous interviewez une personne, va-t-elle véhiculer la position généralement acceptée par l’ensemble des experts du domaine, ou va-t-elle plutôt partager sa vision bien personnelle des choses ?

 

 

Voici un truc : prendre l’habitude de potiner ! Oui, je suis sérieux. Dans le domaine scientifique, par exemple, on fait ça constamment entre nous, du genre : « Heille, as-tu vu tel ou telle, qui est rendu à dire des niaiseries ?! ». Bref, les weirdos, on finit par les connaître assez bien.

 

Donc mon conseil est de s’habituer à poser ces questions de manière informelle et confidentielle (« off the record »), pendant d’autres entrevues.

 

 

 

 

 

 

 

5. Est-ce que la personne est capable d’admettre quand elle n’est pas la bonne (ou la meilleure) ?

 

Quand je cherche des scientifiques à interviewer pour mes projets, que ce soit Les Aventures du Pharmachien ou Dérives, je contacte plein de gens sans toujours savoir si ce sont les bonnes personnes pour mes besoins. Et une des réponses qui m’illuminent le cœur est :

 

 

Reconnaître les limites de sa propre compétence et, à mes yeux, l’un des plus grands gages de crédibilité. Et selon mon expérience, les vrais experts sont souvent très autocritiques, voire parfois un peu insécures, envers leur propre bagage de connaissances. L’insécurité est une qualité sous-estimée !!!

 

Par contre, j’admets que cette question est un peu contre-intuitive, car un refus a beau rendre la personne plus crédible à vos yeux… mais vous n’êtes pas plus avancés pour trouver quelqu’un.

 

Le truc est alors de demander une suggestion / recommandation :

 

 

Par contre, j’ajouterais un bémol : selon mon expérience, certaines spécialistes et expertes (car subjectivement, ça semble être souvent des femmes) vont décliner des demandes d’entrevue sous prétexte qu’elles ne sont pas la bonne personne… alors qu’elles sont totalement la bonne personne !!! Probablement que si on ne se voit pas souvent représentée dans ce type de contexte, on en vient à croire que ce n’est pas pour nous… Bref, j’ai souvent eu à les convaincre, et sans surprise, elles ont fait une performance incroyable.

 

 

 

 

QUESTION BONUS #1 !

 

Ceci n’est pas vraiment une « question », mais plutôt un élément supplémentaire auquel vous pouvez porter attention. C’est que certains champs de compétences ou d’expertise… n’en sont pas vraiment. Il est trop facile de nos jours de suivre des formations discutables, ou même pseudoscientifiques, puis d’en faire une carrière d’apparence prestigieuse.

 

Certains exemples de fausses expertises sont totalement évidents :

 

Mais d’autres le sont beaucoup moins et exigent quelques recherches préalables pour vérifier de quoi il s’agit.

 

EXEMPLE A :

Un psychanalyste renommé est interviewé comme expert à propos de la santé mentale chez les jeunes. Or, une simple recherche Wikipédia vous révélera que la psychanalyse est communément accusée de ne pas répondre pas aux critères de base de la science. La prudence est donc de mise, en particulier si l’intervenant n’a aucune autre qualification que « psychanalyste » (ex. psychologue ou autre profession encadrée).

 

EXEMPLE B :

Dans une entrevue, une médecin est présentée comme ayant fait une « spécialisation » aux États-Unis dans le domaine de la médecine intégrative et/ou fonctionnelle, ce qui ferait d’elle une des rares expertes du domaine localement. Mais encore là, quelques minutes passées sur Wikipédia vous inondera de « red flags », car ces expressions n’ont rien de scientifique.

 

 

QUESTION BONUS #2 !

 

La personne a-t-elle des conflits d’intérêts qui pourraient influencer son propos ? Par exemple, fait-elle de la consultation pour un groupe ou compagnie qui a un lien avec le sujet dont on souhaite discuter ? 

 

Ou encore, si vous interviewez plusieurs expert.es : ont-ils des liens entre eux qui pourraient influencer leur discours ?

 

Aussi, la personne déclare-t-elle volontairement et publiquement ses conflits d’intérêt, ou faut-il fouiller pour les trouver ?

 

 

EXEMPLE A :

Un biochimiste donne des conférences de formation continue aux professionnels de la santé sur le sujet des produits de santé naturels. Ce dernier ne cite jamais aucun conflit d’intérêts potentiel. Mais en fouillant un peu, on réalise qu’il est consultant pour une multitude de compagnies… de produits naturels. Sans forcément rejeter d’emblée cette personne, on peut raisonnablement se poser deux questions :

  • Sera-t-elle objective lorsqu’elle présentera les données sur les produits des compagnies auxquelles elle est affiliée ?
  • Pourquoi ne déclare-t-elle pas ouvertement ces conflits d’intérêt potentiels ? Est-ce quelque chose qu’elle tente de dissimuler ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’aimerais vraiment que choisir les bonnes personnes pour des entrevues ou consultations soit toujours quelque chose de facile, mais de toute évidence, ça ne l’est pas. Et comme je l’ai dit plus tôt, moi-même je me suis fait avoir à quelques occasions.

 

Mon souhait est que cet article ne serve pas tant à disqualifier les personnes que vous aviez en tête, mais plutôt à en qualifier d’autres. Autrement dit, j’espère qu’il vous aidera à faire de meilleurs choix, mais surtout à diversifier votre sélection.

 

Car on va se le dire : ce sont souvent les mêmes personnes qui sont sollicitées et qu’on entend / lit partout. La raison est simple : quand quelqu’un dit souvent « oui » aux demandes d’entrevues, les recherchistes et journalistes ont tendance à aller naturellement vers cette personne les prochaines fois. Et je les comprends de faire ça, car leur travail n’est vraiment pas simple. Mais ça reste, de manière générale, une mauvaise habitude.

 

En réponse à cette critique, je me suis souvent fait dire par des journalistes et recherchistes que plusieurs experts ne sont pas de bons communicateurs ou vulgarisatrices, et ne passent pas bien dans les médias, car ils s’expriment avec des mots trop compliqués, ou se lancent dans des explications monotones et trop longues. C’est vrai.

 

 

Or, bien communiquer dans les médias est un talent qui se développe avec l’expérience.

Donc si une excellente chercheuse, un super spécialiste, ou un expert très crédible n’ont jamais la chance de se « pratiquer », ils ne deviendront jamais bons. C’est un cercle vicieux que nous aurions tous intérêt à briser !

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Changements climatiques : 3 arguments à ne plus utiliser https://lepharmachien.com/changements-climatiques/ https://lepharmachien.com/changements-climatiques/#comments Wed, 17 Apr 2019 12:24:33 +0000 http://lepharmachien.com/?p=7180 Depuis quelques mois, j’ai commencé à donner des conférences sur l’esprit critique dans les écoles secondaires et les CÉGEPs. Et une des choses qui m’inquiète le plus, c’est quand des jeunes me disent qu’ils ne « croient pas » aux changements climatiques.

Mais pire : plusieurs d’entre eux ont même déjà intégré une série d’arguments pour contredire le discours pro-environnement populaire…

jeunes arguments changements climatiques

 

Du côté du grand public, 79% des Canadiens sont d’accord avec le fait que la planète se réchauffe. Mais seulement 61% pensent que ce réchauffement est « en partie ou surtout » causé par l’activité humaine.

Or, tout ça fait pourtant l’objet d’un consensus scientifique très solide. Ça veut dire que nos efforts de communication scientifique ont leurs limites, ou ne sont pas au point.

Et considérant que les changements climatiques sont probablement le plus grand enjeu scientifique auquel l’humanité fait face en ce moment, il faut agir maintenant.

Malheureusement, même quand on veut bien faire et sensibiliser les gens à la crise environnementale, il peut nous arriver d’utiliser des arguments un peu louches… et qui peuvent même nuire à la cause.

En voici trois.

 

avertissements pharmachien

  • Avertissement #1 : Le but de cet article n’est pas de discuter en détails de la science du climat. Après tout, je n’ai aucune expertise dans ce domaine. Ce qui m’intéresse ici, c’est l’aspect de l’argumentation. Si tu veux lire de l’excellente vulgarisation sur les changements climatiques, je te suggère le livre Dire Predictions (basé sur les rapports du GIEC).
  • Avertissement #2 : Je ne prétends pas que les 3 arguments qui suivent sont les seuls qui causent problème. J’ai tout simplement sélectionné ceux qui m’interpellent / m’irritent / m’inquiètent le plus en ce moment.
  • Avertissement #3 : Je ne prétends pas non plus que ma façon d’expliquer la sujet est la « bonne » ou la meilleure.
  • Avertissement #4 : Je ne blâme personne d’avoir utilisé ces arguments; je l’ai fait moi-même par le passé.

 

remerciements pharmachien

Un immense merci à Serge-Étienne Parent, ingénieur écologue, enseignant et chercheur à l’Université Laval, pour avoir vérifié les faits de cet article et suggéré plusieurs améliorations/précisions ! Suivez-le sur Facebook, Twitter et lisez-le sur Medium.

 

 

 

changements climatiques 3 arguments à ne plus utiliser

 

 

 

97% scientifiques changements climatiques activité humaine réchauffement

 

97% scientifiques changements climatiques

 

 

Premièrement, parce qu’il est faux. Ce n’est pas 97% des scientifiques, ou même 97% des articles scientifiques sur le sujet.

Cette affirmation vient d’une publication du chercheur en communication scientifique John Cook qui, dans une revue de littérature, a estimé que 97% des articles scientifiques évalués endossaient l’idée que la Terre se réchauffe et que les activités humaines en étaient la cause principale.

Le bug, c’est que sa notion « d’endosser » n’était pas claire et vraiment super large. Certaines publications incluses ne quantifiaient pas l’impact de l’activité humaine. D’autres ne parlaient même pas d’activité humaine. Plusieurs scientifiques se sont plaints d’avoir été mal cités.

 

Deuxièmement et surtout, tout ça laisse croire au public que c’est la popularité d’une théorie qui décide si elle est bonne ou non. Selon cette idée, il suffit de réunir un paquet de scientifiques et de les amener à être relativement d’accord avec une affirmation pour obtenir un consensus.

 

consensus scientifique

Or, ce n’est pas comme ça que la science fonctionne.

 

 

L’argument du « 97% » se veut bien intentionné, mais vu qu’il est basé sur un raisonnement louche, il existe des tonnes d’articles et de sites web qui le démolissent complètement et facilement, surtout chez les défenseurs des combustibles fossiles (exemple).

Ça peut donner l’impression aux gens que le consensus climatique n’est pas aussi fort qu’on le prétend…

Ça peut aussi donner lieu à des questions sans réponse, du genre :

 

3% scientifiques désaccord changements climatiques climato-sceptiques pétrole

 

Quand on veut connaître la position de la communauté scientifique sur un enjeu, on ne fait pas des sondages.

On ne demande pas non plus l’avis de n’importe quels scientifiques, car la climatologie est un champ de recherche hyper spécialisé.

Ce qu’on fait, c’est regrouper le top des experts mondiaux dans un comité indépendant, afin qu’ils prennent position sur l’ensemble des données.

C’est pour cette raison que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, ou IPCC en anglais) a été créé. Au sein de cet organisme, des climatologues évaluent sans parti pris, de façon méthodique et objective, les recherches sur la science climatique. Les questions posées sont extrêmement précises et les réponses tiennent compte des incertitudes scientifiques. En fait, c’est difficile d’imaginer un groupe plus qualifié pour répondre à ces questions.

 

Les multiples rapports du GIEC sont clairs :

1) oui, la planète se réchauffe;

2) oui, l’activité humaine est un contributeur majeur au réchauffement actuel.

 

changements climatiques opinion croire croyance

 

Autrement dit, le consensus scientifique sur les changements climatiques vient du fait que l’ensemble des données pointent dans la même direction.

Ça ne veut pas dire qu’on a toutes les réponses pour autant. Les éléments qui demeurent sujets à des débats scientifiques sont par exemple :

  • quelle portion exacte du réchauffement est due à l’activité humaine ?
  • à quelles conséquences précises faut-il s’attendre ?
  • quels moyens faut-il mettre en place pour améliorer la situation ?
  • faut-il concentrer nos efforts pour combattre les changements climatiques, ou pour s’y adapter ?
  • etc.

Mais dans tous les cas, la réalité des changements climatiques et le rôle important des humains ne sont pas en doute.

 

 

 

 

 

 

 

 

événement changement climatiques

 

hiver doux neige froid changements climatiques

 

Parce qu’il confond la météo vs le climat.

La météo, c’est le temps qu’il fait dehors : la température, les précipitations, une tempête, etc. Elle peut varier énormément sur de courtes périodes. Par exemple, un été très chaud peut être suivi par un été frais, sans que ça ait une signification quelconque.

Le climat, ce sont des tendances, des « patterns » qui se dessinent sur des décennies, voire des siècles.

 

changements climatiques tornade ouragan tempête inondation

 

Peut-être, mais pas nécessairement.

Les recherches suggèrent que les changements climatiques vont probablement augmenter la fréquence des événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, inondations et sécheresses.

Mais en général, on ne peut pas associer les changements climatiques à un événement particulier, ou même à quelques événements.

 

 

27 degrés en octobre climat

 

Pour chaque exemple que tu donnes, ceux qui doutent de la réalité climatique vont facilement trouver un contre-exemple :

 

 

 

Aussi, c’est important de se rappeler qu’aucune conséquence précise des changements climatiques n’est « certaine » à ce stade.

Or, beaucoup de gens ont de la difficulté à accepter la notion d’incertitude en sciences.

 

changements climatiques conséquences incertaines mensonge

 

 

La science des changements climatiques repose sur des modèles mathématiques d’une complexité difficilement imaginable pour le commun des mortels (i.e. toi et moi).

Pour fonctionner, ces modèles doivent assumer certaines choses comme vraies, en approximer d’autres, etc. Autrement dit, les spécialistes créent la meilleure estimation possible, sans pour autant prétendre que c’est totalement exact.

Mais ce n’est pas un problème, car de toute façon, les climatologues parlent en termes de probabilités / scénarios possibles.

 

changements climatiques scénarios simulations GIEC IPCC

 

Même dans le scénario le plus conservateur (i.e. le plus climato-sceptique et/ou celui où on changeait dramatiquement la société et notre mode de vie), le réchauffement planétaire se produit, mais à un niveau moindre, avec des conséquences moins catastrophiques.

Mais dans tous les cas, les conséquences seront vraisemblablement majeures.

D’ailleurs, parlant de « conséquences »… elles seront sur quoi, ou sur qui ?

 

 

 

 

 

 

 

sauver la planète

 

sauver la planète

 

C’est plate à dire, mais la planète n’a pas besoin d’être sauvée.

Le problème ici est qu’on a de la difficulté à penser en termes d’âge géologique de la Terre :

 

Terre âge géologique milliards années création vie dinosaures humains habitable

 

La Terre a déjà été couverte d’océans de lave et de souffre bouillant. Elle a survécu, entre autres, à cinq ères glaciaires. Elle a résisté à de véritables apocalypses, dont des impacts de météorites géantes.

Cinq extinctions de masse se sont déjà produites, à intervalles de 50 à 100 millions d’années, entraînant à chaque fois la disparition de la quasi-totalité des espèces (la 6e est en cours, à une vitesse jamais vue, par notre faute).

Si l’humanité disparaissait demain matin, la vie trouvera probablement son chemin et se poursuivra bien après nous. Et la planète, sans aucun doute, survivra TRÈS longtemps – et se portera sûrement beaucoup mieux – après notre départ.

 

 

Tu donnes l’opportunité aux gens qui doutent de la réalité climatique de te traiter de hippie.

 

changements climatiques hippies

   

 

Ce n’est pas tant la Terre qui doit être sauvée : c’est surtout…

 nous

 

Les changements climatiques pourraient menacer la santé et la survie de populations entières :

 

C’est sûr que ça serait plate d’exterminer la quasi-totalité des espèces sur Terre par négligence… Et vu qu’on ignore s’il y a de la vie ailleurs dans l’Univers, ça serait bien d’en préserver la diversité autant que possible. En ce sens, cet argument n’est pas complètement mauvais et se défend. Mais même là, il n’interpellera jamais certaines personnes, qui ne se sentent tout simplement pas concernées par la préservation de la biodiversité.

 

Bref, soit on fait en sorte que le climat futur va permettre la vie humaine, soit on quitte la planète et on s’en va en polluer une autre ailleurs.

 

changements climatiques pancartes manifestations arguments

 

 

 

 

 

 

 

conclusion

 

Nous sommes nombreux à être informés et sensibilisés sur la réalité des changements climatiques.

Malheureusement, plusieurs personnes continuent à croire que cette crise est incertaine, voire inventée.

On ne peut pas les blâmer : c’est vraiment difficile de se faire une idée sur un sujet aussi complexe et, comme pour tous les enjeux en science, les informations qui circulent sont souvent contradictoires.

C’est donc important d’aborder les changements climatiques en utilisant les bons arguments, et de rappeler les impacts qu’ils auront sur nos activités quotidiennes.

Éventuellement, ceux et celles qui refusent de voir la réalité n’auront plus vraiment le choix d’y « croire ». Mais on n’a pas tellement le luxe d’attendre…

D’ici là, concentrons-nous sur la vaste majorité des gens, qui ne demandent pas mieux que d’avoir accès à la bonne information.

 

changements climatiques réflexion arguments sceptiques

 

AVERTISSEMENT – En date du 23 avril 2019, la section Commentaires ci-dessous est monopolisée par des propos climato-sceptiques qui, bien honnêtement, ressemblent à s’y méprendre aux commentaires sous cette autre BD. Bref, ce qui suit est à lire avec beeeeaaaaauuuucoup de prudence.

 

 

*** MISE À JOUR – 27 SEPTEMBRE 2019 ***

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https://lepharmachien.com/changements-climatiques/feed/ 93
Élevé sans hormones : pas vraiment https://lepharmachien.com/hormones-viande/ https://lepharmachien.com/hormones-viande/#comments Fri, 11 May 2018 16:53:32 +0000 http://lepharmachien.com/?p=5967 Je suis inquiet pour cet enfant :

hormones

 

S’il a été « élevé sans hormones », est-ce que ça veut dire qu’il…

… a été castré à la naissance ?

… s’est fait enlever chirurgicalement la thyroïde, le pancréas, les glandes surrénales, l’hypophyse et l’hypothalamus ?

… ne peut jamais manger de légumineuses, de riz, de soya, de noix, de céréales et virtuellement tous les végétaux puisqu’ils contiennent naturellement des phytoestrogènes ?

… ne peut pas non plus manger de viande, même bio, puisque les animaux produisent naturellement des hormones qui se retrouvent dans leur viande et leur lait ?

 

Ehhhhhh non finalement.

Quand on vérifie ce que Rachelle-Béry sous-entend par cette nouvelle pub qui inonde le paysage urbain, c’est qu’ils encouragent « le choix de viandes issues du mode de production biologique [qui] ne permet pas l’utilisation d’hormones de synthèse ».

 

Or dans les faits, au Canada, il n’y a que le bœuf qui peut recevoir des stimulateurs de croissance hormonaux.

 

Perso, je crois que c’est important d’analyser de façon critique l’utilisation des hormones (et des antibiotiques) chez les animaux d’élevage et j’encourage les débats constructifs en ce sens (les débats de spécialistes je veux dire; pas les opinions ou impressions personnelles, ou celles des lobbys idéologiques).

 

Mais au lieu de dire des choses pas claires qui créent de la confusion chez le public, pourquoi ne pas tout simplement faire une pub qui dit :

« NOTRE BŒUF BIOLOGIQUE A ÉTÉ ÉLEVÉ SANS STIMULATEURS DE CROISSANCE HORMONAUX »

 

Tiens, je peux même créer une nouvelle pub drette-là :

hormones-02

(je sais, je serais nul comme dude de marketing)

 

P.S. C’est la 2e fois que je critique une pub de Rachelle-Béry; la première fois c’était « On naît tous bio » (http://lepharmachien.com/arguments-2017/). J’espère qu’ils opteront pour un concept plus clair dans leur prochaine campagne.

P.P.S. Je ne suis pas contre le bio. Je trouve simplement que l’industrie de l’alimentation biologique aime jouer avec les mots et ça n’aide pas les consommateurs à faire de meilleurs choix. D’ailleurs, la plupart de leurs arguments reposent sur le sophisme de l’appel à la nature.

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https://lepharmachien.com/hormones-viande/feed/ 18
Les arguments santé qui n’avaient pas d’allure en 2017 https://lepharmachien.com/arguments-2017/ https://lepharmachien.com/arguments-2017/#comments Fri, 15 Dec 2017 21:57:23 +0000 http://lepharmachien.com/?p=5763 Dans mon nouveau livre publié le mois dernier, intitulé « La bible des arguments qui n’ont pas d’allure« , je propose une méthode pour t’immuniser contre les faux débats et les arguments bidons, sans aucune connaissance scientifique requise.arg-livreCette méthode implique de reconnaître certains types d’arguments douteux qui reviennent souvent en matière de santé et qui sonnent l’alerte de la niaiserie.

Donc pour ma rétrospective de l’année (comme j’ai fait en 2014 et 2015), j’ai pensé faire le tour de quelques événements sur la santé qui ont attiré mon attention, et de noter les arguments louches qu’ils ont fait ressortir.

 

 

La science frauduleuse

En 2017, on a parlé plus que jamais de la fraude scientifique. Autrement dit, des chercheurs qui publient de faux résultats, ou encore qui publient dans de faux journaux et congrès scientifiques. C’est un problème majeur en ce moment et ça nécessite des actions urgentes pour prévenir et faire cesser de telles pratiques.

Voici la réaction qu’une personne rationnelle devrait avoir face à la situation :

sci-grave

Mais voici la réaction que plusieurs ont eue à la place :

sci-capote

C’est plate, car comme scientifique, ça devient de plus en plus difficile de se prononcer sur quoi que ce soit sans se faire reprocher notre background. Du style :

sci-organig-v2

C’est ce qu’on appelle une…

arg-hominempaille

Comme pharmacien, je vis ça quotidiennement, pis c’est gossant en maudit.

sci-pilule

 

 

 

« On naît tous bio »

Cette année, j’ai vu cette pub sur la rue au moins 273 fois :

img-tousbio

Il y a un côté de moi qui admire cette pub, parce que considérant tout le jugement injustifié (lire : bitchage) infligé aux femmes qui allaitent en public, on a besoin d’en voir le plus possible.

Mais de l’autre côté, c’est aussi de l’…

arg-ambiguite

Je ne comprends pas ce que le slogan veut dire. Parce que si je remplace « bio » par sa définition, ça donne ça :

bio-def

Des bébés certifiés ? J’en doute.

Mais bon, comme preuve de ma bonne foi, je vais appliquer le principe de la charité et reformuler leur message de la meilleure façon que je puisse imaginer : je présume que ce qu’ils veulent dire ici, c’est qu’à sa naissance, un bébé n’a pas encore été exposé à des pesticides de synthèse potentiellement toxiques.

Le bug, c’est que si des pesticides toxiques sont aussi omniprésents qu’on nous dit, même dans l’eau potable, alors un bébé est bel et bien exposé avant et après sa naissance, et n’est donc pas plus « bio » que sa mère. Et ce, même si la mère mange bio.

Cette pub vise à faire réagir (et ça marche), mais au final, c’est à mon avis une mauvaise analogie.

arg-analogie-v2

À la limite, en me basant sur l’idée que la fécondation humaine implique une recombinaison du matériel génétique des deux parents, je pourrais partir ma propre pub (pas plus claire) qui dirait :

bio-ogm

 

 

 

Le glyphosate « inoffensif »

gly-web

Il y a beaucoup de discussions en ce moment (avec raison) à propos de la sûreté du glyphosate (RoundUp), un pesticide utilisé très abondamment en agriculture et classé comme « probablement cancérigène » par l’OMS.

En fin d’année, la chicane a pogné lorsque le média international Reuters a relevé des indices indiquant que l’OMS n’aurait volontairement pas tenu compte d’importantes données scientifiques qui suggèrent, au contraire, que le glyphosate ne serait pas cancérigène, comme le suggèrent de nombreuses autres méta-analyses et revues systématiques de la littérature sur le sujet.

(Mais peu importe, mon point n’est pas ici de défendre le glyphosate ou même de discuter de sa sûreté; je laisse ça aux chercheurs spécialisés dans ce domaine. Perso, je juge qu’on a un besoin pressant de lois pour une gestion intégrée des pesticides.)

Malheureusement, cette nouvelle ne semble pas avoir fait l’affaire de certains groupes environnementaux. Lorsque des gens ont commencé à partager ces articles sur les réseaux sociaux, l’un de ces groupes a jugé bon d’émettre l’avertissement suivant :

img-glyphosate

Mmm… je sais pas pour vous, mais pour moi, c’est un bel exemple de :

arg-dilemme

Qui a prétendu que le glyphosate était « inoffensif » ? Réponse : personne.

Le glyphosate pourrait très bien être non-cancérigène ET causer d’autres types de dommages, autant sur la santé humaine que sur l’environnement. Après tout, pourquoi le glyphosate devrait-il être 100% bon ou 100% mauvais ?

Bref, bloquer des utilisateurs parce qu’ils amènent des points intéressants (et rassurants) sur la sûreté du glyphosate relève plus de la censure idéologique que d’une mesure pour réduire la « désinformation ».

 

 

 

Les noyaux du peuple Hunza

As-tu déjà mangé des noyaux d’abricot amer ? Ça ressemble à des amandes et il paraît que c’est ben bon… En tous cas, c’est une collation qui était apparemment populaire en 2017.

Mais selon des fabricants, c’est aussi un remède ancestral miracle, car ces noyaux contiennent un ingrédient fantastique appelé « amygdaline » ! Regarde ça :

abr-sac

Médecine antique ? Utilisés pendant des siècles ? Peuple légendaire ? On est en présence d’un…

arg-tradition

Ce qui se faisait autrefois n’était pas forcément bon. Dans le temps, les connaissances scientifiques étaient quasi-inexistantes, donc pas mal tous les remèdes (même ceux proposés en médecine) étaient du gros n’importe quoi.

abr-shaman-v2

D’ailleurs, personne ne semble avoir averti le peuple Hunza que l’amygdaline se transforme en cyanure, un poison extrêmement puissant, dans le corps humain. D’ailleurs, des cas d’intoxication au cyanure ont été rapportées chez des mangeux de noyaux d’abricot amer. Bref, même si le risque est probablement faible, c’est vraiment pas une collation à recommander.

Faut croire que la longévité de ce peuple légendaire doit avoir d’autres explications… Oups, en fait cette histoire de santé incroyable semble être de la pure fiction.

 

 

 

 

Les diététistes et leurs amis les astrologues

En septembre 2017, la publication de l’étude PURE a fait pas mal jaser. En gros, cette étude a exploré les liens entre la consommation de sucre, de gras et la santé. Pour plus de détails, lire ce texte qui résume dans un langage simple les grandes lignes et limites de l’étude.

Malheureusement, l’étude a été interprétée tout croche dans certains médias. On a pu entendre, par exemple, qu’une diète à base de gras de bacon serait bonne pour la santé. Et que le sucre est le grand coupable pour tous nos problèmes. Ce qu’on comprenait en gros :

 

lchf-aliments

 

As-tu l’impression que ces catégories sont, genre, pas mal simplistes ? Et que de mettre sur un pied d’égalité les fruits et les desserts, ou le bacon et l’huile d’olive, est étrange ? Et que tout mettre sur le dos du sucre semble abusif ?

Normal : c’est ce qu’on appelle le…

arg-unique

 

Voyant ça, un groupe de diététistes a écrit une lettre ouverte pour rétablir certains faits. Leur lettre est nuancée, prudente, pleine de bon sens. Elle rappelle qu’aucun aliment (ou groupe d’aliments) à lui seul ne peut être blâmé en lien avec la santé. Et elle invite simplement le public à se méfier des promesses irréalistes de certains régimes.

C’est ici que l’histoire prend une tournure vraiment weird.

L’affaire a dégénéré vers des propos où la compétence des diététistes en matière d’alimentation a été remise en doute. Dans un moment incroyablement bizarre, un animateur de radio a même comparé les diététistes aux astrologues

arg-insulte-v2

 

Puis un groupe de professionnels de la santé, principalement des médecins, ont écrit eux aussi une lettre ouverte pour « dénoncer » les propos des diététistes. Voici quelques-uns de leurs arguments :

lchf-arguments

Or, les diététistes n’ont jamais dit le contraire de tout ça. En fait, ils disent exactement la même chose, mais leurs propos ont été pris hors contexte et sursimplifiés pour donner l’impression qu’ils sont dans le champ. C’est ce qu’on appelle faire un…

arg-paille

En fait, c’est à se demander si les médecins en question ont pris la peine de lire la lettre des diététistes avant de leur répondre.

C’est dommage, car tout ça n’aide personne. Ça a des allures de guéguerre d’égo et ça donne l’impression au grand public que les spécialistes de la santé ne s’entendent même pas entre eux, et donc qu’aucun n’est vraiment fiable.

 

lchf-geguerre-v2

P.S. Si les médecins de la 2e lettre ne voulaient pas donner cette impression, je les invite à s’exprimer différemment la prochaine fois et à réviser leurs arguments.

P.P.S. Pour plus d’infos sur toute la question du gras vs sucre, voici d’excellents textes de vulgarisation sur le sujet :

 

 

 

Un médecin défend Gwyneth

Cette année, la compagnie GOOP de Gwyneth Paltrow a mis sur sa boutique en ligne un oeuf de jade à insérer dans le vagin.

goop-oeuf2

Pourquoi faire une chose pareille ? Parce que selon eux, ça…

  • stimule l’énergie sexuelle;
  • libère les voies du chi dans le corps;
  • intensifie la féminité;
  • revigore la force vitale;
  • se connecte au chakra du coeur pour optimiser l’amour propre et le bien-être.

Ce type d’oeuf a même donné naissance à un nouveau sport : l’haltérophilie vaginale (vaginal weightlifting).

Une obstétricienne, Dre Jen Gunter, a jugé bon d’aviser GOOP et Gwyneth qu’utiliser cet oeuf hautement féminin est vraiment une mauvaise idée. Non seulement il y a risque d’infection (car l’oeuf est percé dans le centre), mais c’est aussi une utilisation abusive des exercices de Kegel qui risque plus de nuire que d’aider.

En réponse, GOOP a utilisé comme porte-parole un autre médecin, Dr Steven Gundry. Voici ses arguments principaux :

 

goop-gundry

… et ainsi de suite dans un texte interminable de 1300 mots où il émetgoop-zero

arguments. Jamais il ne répond aux mises en garde de Dre Gunter à propos de l’oeuf. En fait, il ne parle à aucun moment de l’oeuf !!!

Tout ce qu’il fait, c’est citer son C.V. sur un ton condescendant. Comme si aucun argument n’était nécessaire, car ses qualifications parlent d’elles-mêmes.

Faire ça, ça s’appelle un…

arg-autorite

Qu’est-ce qu’on s’en fout de ses positions académiques, de ses articles et de ses congrès si ce qu’il dit n’a aucun maudit bon sens ?! Malheureusement, même les professionnels de la santé et les scientifiques peuvent tomber dans la bullshit. Et ils sont nombreux à le faire.

C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais se fier sur ce qu’un (1) expert dit, mais plutôt se demander :

goop-ensemble

(Ça inclut moi, en passant. Quand j’entends « Le Pharmachien l’a dit faque ça doit être vrai », ça me donne envie de me tapper la tête sur les murs).

 

Sur ce, je te souhaite de très Joyeuses Fêtes et de survivre aux arguments qui n’ont pas d’allure pendant le réveillon.

On se revoit en 2018 avec plein de nouveau stock !

(dont un projet assez inattendu)

P.S. La chaîne ICI Explora est débrouillée pour tous jusqu’au 12 janvier 2018, ce qui te permet d’écouter Les Aventures du Pharmachien pendant ce temps !

 

arg-autres-v2

 

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https://lepharmachien.com/arguments-2017/feed/ 64