Quelques erreurs à éviter : Vaccins COVID-19

Voici quelques erreurs à éviter dans la couverture médiatique et dans nos efforts de communication publique sur les vaccins contre la COVID-19.
 
 
 
1. ANNONCER DANS LES MÉDIAS CHAQUE EFFET SECONDAIRE INHABITUEL
 
« Un cas d’éléphantiasis du mamelon droit après avoir reçu le vaccin »
 
Ou encore : « Une femme se casse les deux jambes en glissant sur la glace quelques heures après avoir reçu le vaccin »
 
On s’entend, il faut suivre de près toutes les réactions indésirables, et ça tombe bien parce qu’il y a tout un système pour ça, qui s’appelle la pharmacovigilance. Les médias ne devraient pas court-circuiter ce système bien établi.
 
 
2. DEMANDER AUX GENS DE « NE PAS S’INQUIÉTER »
 
Un concept de base en communication, c’est de reconnaître la légitimité des doutes, de normaliser les inquiétudes, d’offrir de l’empathie. C’est comme dire à quelqu’un d’anxieux : « Arrête de stresser ». Effet = gros zéro. On devrait dire : « Je te comprends d’avoir des doutes, c’est normal et je serais pareil à ta place ». Autrement dit, répondre comme des humains plutôt que comme des ordinateurs.
 
 
3. ACCORDER TROP D’ATTENTION AUX GROUPES ANTIVACCINS
 
On sait que la répétition d’une fausse information la rend plus présente dans notre esprit. On sait aussi qu’on ne devrait pas amener de nouvelles inquiétudes avant qu’elles ne se présentent d’elles-mêmes.
 
« Des groupes prétendent que le vaccin contiendrait des nanoparticules de kryptonite »
 
Si les médias passent leur temps à rapporter tous les arguments farfelus des groupes antivaccins, ça va finir par être contre-productif.
 
 
4. PUBLIER DES HISTOIRES SENSATIONNALISTES DE TYPE CLICKBAIT
 
« Ce gestionnaire de la campagne de vaccination en Abitibi aurait-il été invité en voyage dans le Sud par la compagnie HadesPharma ? »
 
Des pommes pourries et des crosseurs, il y en a dans tous les domaines. Faites une enquête et mettez-les à la porte. Ce n’est pas le bon moment pour sous-entendre des machinations et des complots à large échelle.
 
 
5. SOLLICITER L’AVIS D’EXPERTS AUTO-PROCLAMÉS
 
« Ce physicien en ingénierie hydraulique, et cet ancien prof d’université à la retraite depuis 15 ans, estiment que le gouvernement fait fausse route »
 
On s’en sacre de votre avis les boys. Aux médias, je vous en supplie, ARRÊTEZ de donner une plate-forme aux gens qui font leur propre science et qui ne représentent pas la position générale de leurs pairs.
 
 
6. REFUSER D’ABORDER FRANCHEMENT LES QUESTIONS QUI CAUSENT DES DOUTES
 
Par exemple, faire semblant qu’il n’y a aucun risque possible, que tout va être 100% cool, que nenon, il n’y a rien de nouveau ou d’inusité dans cette campagne de vaccination. Les gens ne sont pas caves. La population est plus informée que jamais. Si on n’aborde pas ces sujets de manière transparente, les gens vont lire des anecdotes sur le web et penser qu’on leur a menti. Le lien de confiance sera brisé.
 
 
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Vous aurez compris que trouver un équilibre à travers tout ça est un méchant défi !!! Vaut-il mieux parler de tel sujet, ou ne pas en parler ? Ou en parler juste un peu, mais pas trop ? Il n’y a pas de réponse simple.
 
La ligne directrice, à mon avis, est de garder l’esprit clair et de mettre l’accent sur ce qui se passe bien : « Déjà X travailleurs de la santé vaccinés ». S’il y a des événements imprévus, offrir des explications simples et bien expliquer le contexte. Rappeler combien de personnes ont été vaccinées sans problème.
 
Et finalement, je pense qu’on va avoir besoin d’ambassadeurs. Des leaders positifs (non, pas Charles de O.D.). Je pensais jamais dire ça dans ma vie, mais ça ne serait pas une mauvaise idée d’impliquer éventuellement des personnalités publiques et des influenceur.ses dans cette campagne : « Si Véronique Cloutier et Émile Roy se sont fait vacciner, câline, peut-être que je devrais commencer à avoir hâte moi aussi ».
 
 
P.S. Il y a un comité de l’OMS qui se penche sur la stratégie de communication en vue d’éventuels vaccins depuis le tout début de l’année 2020. J’espère que le gouvernement écoutera les experts sur le sujet (on en a au Québec).
 
P.P.S. J’ai travaillé en pharmacovigilance quelques années et l’exemple de la dame qui glisse sur la glace et qui attribue sa jambe cassée à un médicament qu’elle prend, c’est un cas vécu ! C’est pas complètement impossible quand on y pense.
 
P.P.P.S. Ceci n’est vraiment pas pour partir en guerre contre les médias. On a besoin d’eux plus que jamais. J’espère que mes commentaires seront perçus comme constructifs.
 
P.P.P.P.S. En y repensant, on devrait définitivement impliquer les candidats d’Occupation Double dans la campagne.
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