Comment choisir un expert en 5 étapes (pas toujours) faciles

 

Ce genre de situation m’arrive tout le temps : on me demande ce que je pense de telle nouvelle dans les journaux, de telle entrevue à la radio, de tel documentaire à la télé, et je constate que les « experts » qu’on y retrouve ne sont pas les bons. OK, ils ou elles ont de belles qualifications et citent des références qui sonnent crédibles, mais pourtant, leurs propos sont incomplets, confus, manquent de nuances, ou parfois n’ont carrément pas rapport.

 

Vous vous en doutez sûrement, mais un « expert » n’est pas juste n’importe quelle personne qui parle souvent d’un sujet, ou qui a beaucoup de followers sur un réseau social quelconque. Si c’était le cas, tout le monde pourrait éventuellement devenir un expert.

 

 

On ne devient pas non plus un expert en disant qu’on en est un.

 

 

Un des problèmes, à mon avis, est le mot « expert » lui-même. On a tendance à l’utiliser pour n’importe quelle personne qui a un titre quelconque, et qui est interviewée (moi-même, j’ai cette mauvaise habitude ! ).

 

 

Après avoir lu pas mal sur le sujet (ce qui ne fait pas de moi un expert en passant ! ), mon impression est qu’il n’y a pas de définition parfaite pour décrire ce qu’est – ou devrait être – un.e expert.e. Ça semble d’ailleurs varier légèrement d’un domaine à l’autre (et ça fait aussi l’objet de débats, que je vous épargne ici, mais consultez les références au bas de la page si ça vous allume).

 

Mais de toute façon, la question qui me semble la plus importante, c’est plutôt : qui devrait-on interviewer dans les médias comme source d’information / référence crédible sur un sujet scientifique complexe ? Je n’ai aucun doute que votre souhait est de choisir la bonne personne, pour le bon sujet, dans la bonne situation. Et c’est précisément pour réfléchir à tout ça que j’écris cet article.

 

Je l’écris dans l’espoir qu’il rejoigne des journalistes, recherchistes, réalisatrices, producteurs et médias en général, mais aussi, pour vous aider si jamais vous devez interviewer quelqu’un pour un documentaire, podcast, projet scolaire ou autre.

 

Voici cinq (5) questions que vous pouvez vous poser dans votre processus de sélection, que l’élaborerai ensuite :

 

1. Est-ce que la personne a une formation dans le domaine dont on souhaite parler ?

2. Est-ce que la personne parle d’un sujet qui fait partie de son champ de compétences ou d’expertise ?

3. Est-ce que la personne a fait de la recherche, et si oui, quelles recherches ?

4. Est-ce que la personne est reconnue comme crédible par ses pairs ?

5. Est-ce que la personne est capable d’admettre quand elle n’est pas la bonne (ou la meilleure) ?

 

C’est vraiment sans jugement que je vous propose ces questions et conseils. D’ailleurs, j’ai moi-même fait des mauvais choix pour certaines entrevues… personne n’est à l’abri de ça. Bref, mon but ici n’est pas de critiquer ou pointer du doigt, mais plutôt de réfléchir ensemble à comment s’améliorer.

 

Certaines des questions qui suivent sembleront banales, voire l’évidence même. Mais malheureusement, ces règles de base ne sont pas toujours suivies. Donc justement, je vous propose de revenir à la base !

 

avertissements pharmachien

  • Je tiens à préciser que cette liste n’est pas un guide absolu, seulement un outil de réflexion. Le but ici n’est absolument pas de vous encourager à choisir seulement des gens qui correspondent à tous les critères proposés. Le but n’est pas non plus de répondre par un « oui ou non » clair à chacune des questions. L’idée est plutôt de garder ces questions en tête, et d’y réfléchir en cas de doute. Dans tous les cas, ça demeure une question de jugement.
  • J’y reviendrai à travers l’article, mais certaines des meilleures vulgarisatrices et des meilleurs communicateurs ne sont forcément pas des « experts », mais simplement des gens qualifiés dans le domaine qui s’expriment de manière simple, claire et succincte. Le défi est de bien choisir les situations qui exigent une expertise plus pointue pour parler d’un sujet.
  • Tant qu’à y être, je tiens aussi à souligner que moi-même, je ne suis définitivement PAS un véritable expert ! J’ai un champ de compétences général (pharmacie clinique), et des champs d’intérêt plus poussés dont certains ne sont pas super communs (ex. pseudosciences et thérapies alternatives, pensée critique, communication scientifique), mais jamais je ne prétendrais avoir une « expertise » dans l’un ou l’autre de ces domaines. 
  • Ces questions ne sont évidemment pas exhaustives; on pourrait en écrire 50 si on voulait. J’ai essayé de condenser le tout pour que ça soit facile à appliquer.

 

 

 

 

 

1. Est-ce que la personne a une formation dans le domaine dont on souhaite parler ?

 

C’est la question la plus « basic » : est-ce que la personne a des qualifications formelles ?

 

Certains cas sautent aux yeux :

 

Mais je remarque qu’on a quand même souvent tendance à confondre avoir « beaucoup d’expérience » VS avoir une formation à proprement parler.

 

EXEMPLE A :

Quand il est question d’environnement ou d’agriculture, les médias vont très souvent interviewer, comme seul intervenant, le représentant ou porte-parole d’un groupe militant écologiste (ex. Greenpeace ou similaire). Or, même si ces personnes ont une grande connaissance de leur domaine, et que leur point de vue est important, leur avis devrait accompagner, non pas remplacer celui d’une personne qui a une formation de pointe dans le domaine concerné.

En effet, l’expert a le recul nécessaire pour cerner toutes les subtilités et nuances essentielles, ce qui l’encourage à parler avec une grande prudence.

 

Encore là, ça peut sembler évident à première vue.

Mais là où ça se complique, c’est quand on entre dans des sujets plus pointus, où une formation de base n’est peut-être pas suffisante pour parler avec autorité.

 

EXEMPLE B :

Une médecin omnipraticienne (généraliste / de famille) travaille dans une clinique privée, où elle dit se « spécialiser » dans « la santé cardiovasculaire et métabolique ». Elle dit « exceller » dans ce domaine, dans lequel elle a développé une « expertise » pendant « plus de 15 ans ».

Pourtant, quand on examine son C.V., on constate qu’elle n’a jamais fait de formation formelle dans le domaine; elle semble plutôt autodidacte.

 

 

Peut-on l’interviewer sur le sujet des maladies cardiaques et métaboliques ? Oui, mais il serait souhaitable d’interviewer au minimum un médecin spécialiste dans ce domaine.

La médecin généraliste du privé pourrait parler de son expérience, qui a certainement une grande valeur, mais son avis ne devrait pas remplacer celui d’un.e spécialiste qui a une formation de pointe sur le sujet.

 

P.S. Petit bémol sur ce point : dans certains domaines, il n’y a pas toujours de formation « officielle », ou encore, la formation exacte peut être difficile à évaluer. On me cite par exemple le domaine du jeu vidéo. Donc ce type de situation entre dans ce que je disais dans les avertissements en introduction : il faut user de son jugement.

 

 

 

 

2. Est-ce que la personne parle d’un sujet qui fait partie de son champ de compétences ou d’expertise ?

 

Après de bonnes recherches, vous avez trouvé une personne qui a une excellente formation et des super qualifications. Cool !

 

Mais cette personne est-elle qualifiée sur le sujet dont vous voulez parler ?

 

 

Je n’en reviens pas du nombre de fois où on nous vante toutes les qualifications d’un « expert », mais que jamais il n’est mentionné que son expertise n’a rien à voir avec le sujet dont on discute !

 

EXEMPLE A :

Un chercheur universitaire renommé est interviewé sur la gestion de la pandémie de la COVID-19, et sur la prévention de pandémies futures. Or, c’est un vrai expert… dans le domaine du génie des sols.

Un autre élément de difficulté est que certains domaines peuvent sembler précis, mais sont en réalité très flous. Par exemple, avoir un doctorat (Ph.D) et/ou faire de la recherche en « médecine expérimentale », en « immunologie », ou même en « psychologie », peut faire référence à des dizaines de choses complètement différentes.

 

EXEMPLE B :

Une chercheuse écrit des chroniques dans les journaux comme spécialiste de la nutrition. Elle y donne des conseils sur l’alimentation, du genre : « mangez plus de ceci, moins de cela ». Or, c’est bel et bien une scientifique tout à fait crédible dans son domaine : elle a fait des recherches à propos de l’effet de certaines molécules alimentaires… sur des cellules en éprouvette.

Le problème ici est que sa compétence est en recherche fondamentale, mais qu’elle n’a pas nécessairement le bagage clinique nécessaire pour donner des conseils pratico-pratiques au grand public.

 

EXEMPLE C :

Une personne qui se présente comme « spécialiste des neurosciences » participe à des émissions où elle parle d’une grande variété de sujets en lien avec le cerveau humain. Mais après vérification, son background est… en finances. C’est parce que les neurosciences, c’est un terme extrêmement large, qui peut regrouper à la fois des biologistes, des experts du langage, des chercheurs en sciences sociales, etc. Bref, il faudrait s’assurer d’inviter cette personne dans le bon contexte, et non pas sur n’importe quel sujet en lien avec le cerveau.

 

La grande question est alors : pourquoi certains scientifiques (pas des tonnes, cela dit) acceptent-ils de parler de sujets qui sont en-dehors de leur compétences ? Il n’y a pas de raison simple; la question #5 élaborera davantage sur ce point. Gardez tout simplement en tête que : ça arrive.

 

 

 

 

 

3.  Est-ce que la personne a fait de la recherche et, si oui, quelles recherches ?

 

Faire des recherches scientifiques, et surtout les publier, n’est vraiment pas donné à tout le monde. Donc, il ne serait raisonnable de s’attendre à ce que seul.es les chercheurs et chercheuses soient des sources d’information crédible pour les médias. Et aussi, faire de la recherche n’est pas en soi un gage d’expertise.

 

Cela dit, si le sujet que vous souhaitez aborder est très niché et complexe, et qu’il exige énormément de précisions et de nuances, interviewer des personnes du milieu de la recherche est souvent une bonne idée, car leur perspective est unique.

 

Par contre, certaines personnes se présentent d’emblée comme des « chercheurs » ou mettent cette information de l’avant comme gage de leur crédibilité, alors que leur lien avec la recherche n’est pas si clair. Et vu que cette affirmation leur donne effectivement un bonus de réputation, on se doit d’y réfléchir un peu.

 

 

Par exemple, il existe des chercheurs dans le domaine universitaire (académique), et aussi dans le domaine privé (ex. dans des compagnies). Mais en théorie, quelqu’un pourrait faire des recherches dans son sous-sol et se dire « chercheur indépendant »… 

 

 

Ou encore, on peut avoir travaillé en recherche dans le passé, sans toutefois être chercheur.euse de carrière. Moi par exemple, j’ai fait une maîtrise en recherche fondamentale il y a 16 ans, mais rien du genre depuis. Donc si je commençais soudainement à me dire « chercheur », ça serait vraiment louche.

 

 

Avoir « publié des recherches » est une autre affirmation qu’on se doit s’examiner.

 

En sciences, par exemple, les travaux de recherche se publient dans des périodiques scientifiques de qualité, où ils sont évalués par les pairs (i.e. analysés, critiqués et ultimement approuvés par d’autres experts indépendants dans le domaine).

 

 

Malheureusement, certaines personnes vont se vanter d’avoir « fait des recherches », et de « les avoir publiées », sous prétexte qu’elles ont publié un livre. Le problème, c’est qu’un livre n’est pas évalué par les pairs. Un livre, c’est une vision personnelle de l’auteur ou autrice, qui peut être super rigoureuse… ou pas rigoureuse du tout.

(une exception serait les livres académiques, i.e. publiés par des universitaires et utilisés comme manuels dans les cours, qui peuvent dans certains cas faire l’objet d’une évaluation par les pairs)

 

 

Pour être 100% clair : c’est bien correct d’interviewer quelqu’un qui vient de publier un livre. J’en publie moi-même, après tout, et j’espère pouvoir en parler dans les médias ! Mais plus tard, quand vient le temps de solliciter l’avis d’un expert sur un sujet pointu, le fait d’avoir publié un livre devrait avoir peu ou pas de poids dans cette décision.

 

Et non, avoir publié un livre « bestseller » ne change absolument rien. C’est un argument de vente qui se défend, mais pas du tout un gage de crédibilité.

 

 

Un dernier point à propos des recherches : si « l’expert » que vous souhaitez interviewer s’apprête à critiquer ou démentir un point de vue majoritaire / dominant chez les collègues de son domaine, alors c’est d’autant plus important que ce soit un chercheur ou une chercheuse.

 

La raison est simple : en sciences, quand on veut critiquer (ce qui est fortement encouragé), ça ne se fait PAS sur la place publique, mais plutôt dans les voies existantes à l’intérieur de la communauté scientifique, par exemple dans les journaux et congrès scientifiques.

 

Bref, un « expert » qui critique tout le monde sans jamais avoir soumis ses arguments dans une des voies officielles… c’est louche. 

 

 

 

 

 

 

4. Est-ce que la personne est reconnue comme crédible par ses pairs ?

 

Cette question est l’une des plus difficiles, car on ne peut pas y répondre par soi-même; il faut la poser à quelques personnes du milieu. Ça demande donc du temps, qui est malheureusement en quantité limitée dans les médias.

 

Le danger, c’est qu’il y a une infime minorité de professionnels et de scientifiques qui disent n’importe quoi.

 

Les raisons pour ce phénomène sont extraordinairement complexes, et pour moi-même ça demeure un casse-tête; j’ai proposé quelques pistes de réponses dans cet autre article.

 

Donc l’enjeu le suivant : si vous interviewez une personne, va-t-elle véhiculer la position généralement acceptée par l’ensemble des experts du domaine, ou va-t-elle plutôt partager sa vision bien personnelle des choses ?

 

 

Voici un truc : prendre l’habitude de potiner ! Oui, je suis sérieux. Dans le domaine scientifique, par exemple, on fait ça constamment entre nous, du genre : « Heille, as-tu vu tel ou telle, qui est rendu à dire des niaiseries ?! ». Bref, les weirdos, on finit par les connaître assez bien.

 

Donc mon conseil est de s’habituer à poser ces questions de manière informelle et confidentielle (« off the record »), pendant d’autres entrevues.

 

 

 

 

 

 

 

5. Est-ce que la personne est capable d’admettre quand elle n’est pas la bonne (ou la meilleure) ?

 

Quand je cherche des scientifiques à interviewer pour mes projets, que ce soit Les Aventures du Pharmachien ou Dérives, je contacte plein de gens sans toujours savoir si ce sont les bonnes personnes pour mes besoins. Et une des réponses qui m’illuminent le cœur est :

 

 

Reconnaître les limites de sa propre compétence et, à mes yeux, l’un des plus grands gages de crédibilité. Et selon mon expérience, les vrais experts sont souvent très autocritiques, voire parfois un peu insécures, envers leur propre bagage de connaissances. L’insécurité est une qualité sous-estimée !!!

 

Par contre, j’admets que cette question est un peu contre-intuitive, car un refus a beau rendre la personne plus crédible à vos yeux… mais vous n’êtes pas plus avancés pour trouver quelqu’un.

 

Le truc est alors de demander une suggestion / recommandation :

 

 

Par contre, j’ajouterais un bémol : selon mon expérience, certaines spécialistes et expertes (car subjectivement, ça semble être souvent des femmes) vont décliner des demandes d’entrevue sous prétexte qu’elles ne sont pas la bonne personne… alors qu’elles sont totalement la bonne personne !!! Probablement que si on ne se voit pas souvent représentée dans ce type de contexte, on en vient à croire que ce n’est pas pour nous… Bref, j’ai souvent eu à les convaincre, et sans surprise, elles ont fait une performance incroyable.

 

 

 

 

QUESTION BONUS #1 !

 

Ceci n’est pas vraiment une « question », mais plutôt un élément supplémentaire auquel vous pouvez porter attention. C’est que certains champs de compétences ou d’expertise… n’en sont pas vraiment. Il est trop facile de nos jours de suivre des formations discutables, ou même pseudoscientifiques, puis d’en faire une carrière d’apparence prestigieuse.

 

Certains exemples de fausses expertises sont totalement évidents :

 

Mais d’autres le sont beaucoup moins et exigent quelques recherches préalables pour vérifier de quoi il s’agit.

 

EXEMPLE A :

Un psychanalyste renommé est interviewé comme expert à propos de la santé mentale chez les jeunes. Or, une simple recherche Wikipédia vous révélera que la psychanalyse est communément accusée de ne pas répondre pas aux critères de base de la science. La prudence est donc de mise, en particulier si l’intervenant n’a aucune autre qualification que « psychanalyste » (ex. psychologue ou autre profession encadrée).

 

EXEMPLE B :

Dans une entrevue, une médecin est présentée comme ayant fait une « spécialisation » aux États-Unis dans le domaine de la médecine intégrative et/ou fonctionnelle, ce qui ferait d’elle une des rares expertes du domaine localement. Mais encore là, quelques minutes passées sur Wikipédia vous inondera de « red flags », car ces expressions n’ont rien de scientifique.

 

 

QUESTION BONUS #2 !

 

La personne a-t-elle des conflits d’intérêts qui pourraient influencer son propos ? Par exemple, fait-elle de la consultation pour un groupe ou compagnie qui a un lien avec le sujet dont on souhaite discuter ? 

 

Ou encore, si vous interviewez plusieurs expert.es : ont-ils des liens entre eux qui pourraient influencer leur discours ?

 

Aussi, la personne déclare-t-elle volontairement et publiquement ses conflits d’intérêt, ou faut-il fouiller pour les trouver ?

 

 

EXEMPLE A :

Un biochimiste donne des conférences de formation continue aux professionnels de la santé sur le sujet des produits de santé naturels. Ce dernier ne cite jamais aucun conflit d’intérêts potentiel. Mais en fouillant un peu, on réalise qu’il est consultant pour une multitude de compagnies… de produits naturels. Sans forcément rejeter d’emblée cette personne, on peut raisonnablement se poser deux questions :

  • Sera-t-elle objective lorsqu’elle présentera les données sur les produits des compagnies auxquelles elle est affiliée ?
  • Pourquoi ne déclare-t-elle pas ouvertement ces conflits d’intérêt potentiels ? Est-ce quelque chose qu’elle tente de dissimuler ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’aimerais vraiment que choisir les bonnes personnes pour des entrevues ou consultations soit toujours quelque chose de facile, mais de toute évidence, ça ne l’est pas. Et comme je l’ai dit plus tôt, moi-même je me suis fait avoir à quelques occasions.

 

Mon souhait est que cet article ne serve pas tant à disqualifier les personnes que vous aviez en tête, mais plutôt à en qualifier d’autres. Autrement dit, j’espère qu’il vous aidera à faire de meilleurs choix, mais surtout à diversifier votre sélection.

 

Car on va se le dire : ce sont souvent les mêmes personnes qui sont sollicitées et qu’on entend / lit partout. La raison est simple : quand quelqu’un dit souvent « oui » aux demandes d’entrevues, les recherchistes et journalistes ont tendance à aller naturellement vers cette personne les prochaines fois. Et je les comprends de faire ça, car leur travail n’est vraiment pas simple. Mais ça reste, de manière générale, une mauvaise habitude.

 

En réponse à cette critique, je me suis souvent fait dire par des journalistes et recherchistes que plusieurs experts ne sont pas de bons communicateurs ou vulgarisatrices, et ne passent pas bien dans les médias, car ils s’expriment avec des mots trop compliqués, ou se lancent dans des explications monotones et trop longues. C’est vrai.

 

 

Or, bien communiquer dans les médias est un talent qui se développe avec l’expérience.

Donc si une excellente chercheuse, un super spécialiste, ou un expert très crédible n’ont jamais la chance de se « pratiquer », ils ne deviendront jamais bons. C’est un cercle vicieux que nous aurions tous intérêt à briser !

Références

Voici quelques excellents textes que j’ai lus sur la notion « d’expertise », qui m’ont inspiré dans l’écriture du présent article. Ils n’ont pas tous le même point de vue d’ailleurs, ce que je trouve particulièrement intéressant pour réfléchir à ce concept.

 

Who Qualifies as an “Expert” And How Can We Decide Who Is Trustworthy?

What Makes a Scientist an Expert? Evidence from an analysis of over 4 million authors.

Expert et société : entre méfiance et dépendance 

Expertise & Experts – Confusion entre expert et chercheur

Experts médiatiques

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  1. Bonjour Oliver,
    Je te suggère une sixième questions! C’est à dire si la personne est en conflit d’intérêts avec le sujet ou en relation avec l’avis d’une autre personne experte. Regardez aussi que sa conduite en recherche est responsable.
    Merci pour ton article!

  2. Bonjour Olivier,

    quelques éléments à considérer qui ne sont pas mentionné: les médecins spécialistes ne sont spécialistes que de leur spécialité. Demander à un psychiatre de commenter un enjeu de santé physique, ou encore à un cardiologue de se prononcer sur des enjeux de santé publique, c’est pire que de consulter un omni! Leur champ de compétences est très restreint.

    Deuxièmement, faire de la recherche dans le domaine académique n’est absolument pas un gage d’expertise. Très souvent des praticiens expérimentés sont bien mieux placés que des académiciens n’ayant pas quitté leur bureau depuis 35 ans pour se prononcer comme experts.

    Quand je discute avec des académiciens d’enjeux environnementaux, les questions méthodologiques et juridiques arrivent rapidement dans le portrait. La réalité dans le secteur des sciences appliquées, c’est qu’il y a un décalage entre les meilleures pratiques scientifiquement reconnues et le cadre normatif dans lequel s’exerce la pratique, qui fait généralement des compromis pour accomoder l’applicabilité de ces meilleures pratiques.

    Bref, tes points 1 b) et 3 méritent des nuances.

    Salutations,
    Laurent Pilon

    • Merci beaucoup pour ces commentaires !

      Pour ton premier point : complètement d’accord, par contre à mon avis cet aspect est inclus dans la question #2. Chaque question ne peut être prise en isolement des autres.

      Pour ton 2e point : très très juste, et tu as raison, ça méritait une nuance, que je viens d’ajouter.

      Merci encore et A+!

      Olivier

  3. Bonjour Olivier,
    WOW, vraiment bien. Est-ce que tu me permets d’utiliser ta page comme source pour mon cours de méthodologie de la recherche au cégep. On apprend aux étudiants comment faire de la recherche scientifique, comment vérifier des sources crédibles ou non, etc. Ton article cadre parfaitement avec ce cours.

    Merci

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