J’étais de passage à l’émission Tout le monde en parle le 27 novembre 2016.
La grande majorité des commentaires que je vois passer sur Facebook et Twitter sont très positifs, mais évidemment mes propos ont choqué quelques personnes…
Vu que je reproche souvent aux médias et aux personnalités publiques de faire des affirmations sans fondement scientifique, je vous présente ici une liste des références pour tout ce que j’ai dit à l’émission.
Vous remarquerez que presque tous mes propos sont cités textuellement des publications ci-dessous (c’est un effet secondaire de les avoir lues et relues je pense…). Plusieurs affirmations sont aussi des conclusions auxquelles des experts (biochimistes, nutritionnistes, médecins, etc.) et moi sommes arrivés dans la série télé Les Aventures du Pharmachien. SVP me faire signe si j’ai oublié de citer quoi que ce soit.
Bottom line : on se doit d’être prudent lorsqu’il fait des affirmations qui ont un impact sur la santé publique. Ceux qui font des affirmations extravagantes ont intérêt à avoir des preuves qui le sont tout autant.
Antioxydants, superaliments et cancer
- Méta-analyse Cochrane sur les suppléments d’antioxydants : « The current evidence does not support the use of antioxidant supplements in the general population or in patients with various diseases« .
- Antioxydants et prévention du cancer cancer selon le National Cancer Institute : « (…) clinical trials did not provide evidence that dietary antioxidant supplements are beneficial in primary cancer prevention« .
- Exemple typique d’étude citée dans les médias pour suggérer qu’un fruit comme le bleuet a des propriétés anti-cancer : ce sont des études pointues et très préliminaires qui sont pertinentes pour la recherche, mais qui ont peu d’intérêt à ce stade pour le grand public.
- Déclaration du National Health Services (NHS) en Angleterre sur le bleuet : « There is so far very little evidence that blueberries can help protect against cancer. In laboratory studies on cells and animals, blueberry extracts (such as anthocyanins) have been shown to decrease free radical damage that can cause cancer. However, it is not clear how well humans absorb these compounds from eating blueberries and whether or not they have a protective effect« .
- Avis de Cancer Research UK sur les supposés ‘superaliments’ : « the term ‘superfood’ is really just a marketing tool, with little scientific basis. It’s certainly true that a healthy, balanced and varied diet can help to reduce the risk of cancer but it is unlikely that any single food will make a major difference on its own ».
- Revue de la littérature scientifique sur le curcuma par Science-Based Medicine : « the scientific evidence for turmeric is insufficient to incorporate it into medical practice. As with so many supplements, the hype has gone way beyond the actual evidence« .
- La curcuma pour combattre le cancer : revue de la littérature scientifique par les nutritionnistes du groupe Extenso de l’Université de Montréal – « Il n’est donc pas possible d’affirmer pour le moment que le curcuma ou la curcumine est efficace pour traiter le cancer, mais d’autres études sont nécessaires pour élucider son rôle potentiel dans la lutte contre cette maladie« .
- Sommaire des études sur le curcuma par le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) : les données sur le cancer sont pour le moment préliminaires.
- Le curcuma selon Cancer Research UK : « These studies look promising but we need to do more clinical trials in humans before we will know if curcumin has any potential to treat cancer in people« .
- Propos de Josée Blanchette sur le cancer, la méditation et les jus verts dans divers articles du Devoir : ici, ici, ici, ici. Aussi, voir son passage à Tout le monde en parle.
- La BD où je parlais du passage de Daniel Pinard à Tout le monde en parle.
À noter que je ne prétends pas avoir les compétences d’un(e) nutritionniste/diététiste en matière d’alimentation. Tous les professionnels de la santé ont pour rôle d’encourager le public vers de saines habitudes de vie et les deux conseils généraux que j’ai cités en matière d’alimentation (« manger moins de produits transformés », « manger plus de fruits et de légumes ») s’inscrivaient dans cette optique. Je collabore régulièrement avec des nutritionnistes/diététistes, autant sur ce site que pour la série télé du Pharmachien.
Homéopathie
- « L’homéopathie est une insulte à l’intelligence humaine » : Pour être tout à fait honnête, cette citation n’est pas de moi. Je l’ai empruntée à Sir John Forbes, médecin de la Reine Victoria, qui l’a prononcée en 1843 (!).
- En nov. 2016, le gouvernement américain change les règles sur la promotion des produits homéopathiques : « marketers of OTC homeopathic drugs must either have adequate substantiation for their efficacy claims or effectively communicate the lack of scientific evidence backing them and that their claims are based only on theories of homeopathy from the 1700s that are not accepted by most modern medical experts« .
- Méta-analyse la plus exhaustive au sujet de l’homéopathie : « there was no homeopathic remedy that was demonstrated to yield clinical effects that are convincingly different from placebo. It is concluded that the best clinical evidence for homeopathy available to date does not warrant positive recommendations for its use in clinical practice« .
- Le Collectif Cochrane a publié de nombreuses méta-analyses sur l’homéopathie pour divers problèmes de santé.
- Revue systématique de la littérature sur l’homéopathie par le gouvernement de l’Australie : « there are no health conditions for which there is reliable evidence that homeopathy is effective« .
- Revue systématique publiée dans The Lancet comparant les études sur l’homéopathie à des études équivalentes en médecine. La conclusion des auteurs : « (…) there was weak evidence for a specific effect of homoeopathic remedies, but strong evidence for specific effects of conventional interventions. This finding is compatible with the notion that the clinical effects of homoeopathy are placebo effects. »
- Le gouvernement britannique a décidé de ne plus rembourser les produits homéopathiques et recommande de ne plus approuver leur mise en marché : « (…) the Government should not endorse the use of placebo treatments, including homeopathy. Homeopathy should not be funded on the NHS and the MHRA should stop licensing homeopathic products. »
- À propos du rapport Suisse d’apparence positive sur la pertinence l’homéopathie, fréquemment cité par les homéopathes, Dr David Martin Shaw écrit : « it contains no new evidence and misinterprets studies previously exposed as weak; creates a new standard of evidence designed to make homeopathy appear effective; and attempts to discredit randomised controlled trials as the gold standard of evidence. »
Jus
- Recherche de l’émission L’Épicerie de Radio-Canada sur le contenu en sucre des jus maison : « Un verre (250 ml) de jus pur à 100 % contient presque la même quantité de sucre qu’un verre de boisson gazeuse ».
- Avis de Yoni Freedhoff, médecin et spécialiste de l’obésité, sur le jus : « Juice is sugar water with vitamins ».
- Avis de Bernard Lavallée, nutritionniste, sur le jus : « (…) Ça reste que ce n’est pas grand chose de plus que de l’eau, des sucres libres et une pincée de vitamines et de minéraux. Si je vous disais que j’avais inventé une boisson gazeuse riche en antioxydants, la donneriez-vous à votre enfant pour le désaltérer ?«
- Selon Anne-Marie Desbiens, chimiste alimentaire consultée pour la série télé du Pharmachien, très peu de vitamines et d’antioxydants subsistent lors de l’extraction d’un jus de fruits ou de légumes, car ces molécules s’oxydent rapidement et sont détruites à l’air libre.
- Une importante proportion des antioxydants se trouvent dans la pelure et la pulpe des fruits et légumes, qu’on élimine par l’extraction du jus.
- Nathalie Jobin, nutritionniste, précise en citant ces deux articles, que la quantité de nutriments extraite dans un jus demeure variable: « Il est vrai que le procédé de fabrication du jus entraîne des pertes de vitamines C et d’antioxydants mais ces pertes sont très variables et peuvent dépendre de plusieurs facteurs« . Merci Nathalie !
- « Un jus d’orange est équivalent à un Coke » : Cette citation semble avoir dérangé des gens. Elle est inspirée du livre « Sucre : vérités et conséquences » de la nutritionniste Catherine Lefebvre (p.98). Au point de vue du sucre, ils sont similaires. Par contre, il reste bel et bien quelques vitamines et antioxydants dans le jus, donc l’information complète est : « Évidemment, il reste un peu de nutriments dans les jus, mais rien que vous n’auriez été chercher ailleurs dans votre alimentation habituelle ou qui justifie un apport aussi élevé en sucres libres ». Le point que je souhaitais soulever est que boire un jus ou une boissons gazeuse amène le consommateur à consommer une très grand quantité de sucre, en comparaison à l’apport en nutriments obtenu en retour.
- D’ailleurs, la compagnie Coca-Cola et l’American Beverage Association sont présentement poursuivis pour avoir induit en erreur les consommateurs quant aux effets néfastes des boissons sucrées (incluant les jus de fruits). Même chose pour PepsiCo, également poursuivis pour avoir présentés leurs jus de fruits comme « faisant partie d’une alimentation équilibrée ».
Médicaments génériques
- Les médicaments génériques sont soumis aux mêmes exigences de qualité que les médicaments originaux.
Alimentation biologique
- « Est-ce que manger bio est meilleur pour la santé ? Malheureusement, la réponse est pas mal non, selon ce qu’on sait présentement » : C’est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés à l’issue du 2e épisode de la série télé du Pharmachien, qui porte sur l’agriculture bio. Le sujet est plus complexe et nuancé qu’on pourrait le croire. La liste des sources consultées et citées pour cet épisode se trouve ici. Je cite quelques points importants ci-dessous.
- Cet article d’Extenso arrive sensiblement à la même conclusion : « Pour le moment, s’il existe une seule constante en nutrition, c’est bien que les fruits et les légumes contribuent à la santé. L’important, c’est donc d’en consommer un maximum, qu’ils soient biologiques ou non« .
- L’Association des diététistes du Canada conclut : « L’achat d’aliments biologiques est un choix personnel, comme tout autre achat. Bien que certains produits biologiques puissent être plus riches en certains nutriments et renfermer de plus faibles quantités de certains résidus de pesticides, l’essentiel est de consommer une variété d’aliments santé« .
- Conclusion de Science-Based Medicine sur l’alimentation bio : « Despite the scientific evidence, the alleged health benefits of organic produce is the number one reason given by consumers for buying organic. This likely represents the triumph of marketing over scientific reality ».
- Revue systématique de l’aspect nutritif des fruits et légumes bio : « The published literature lacks strong evidence that organic foods are significantly more nutritious than conventional foods ».
- Certains fruits et légumes bio contiennent plus de nutriments, d’autres moins. C’est très variable. Et supposons qu’une orange bio contient 10% plus de vitamine C, doit-on conclure qu’elle est plus nutritive pour autant ? De nombreux autres facteurs sont à l’oeuvre, pas seulement l’aspect « bio ».
- Cela dit, l’exposition professionnelle aux pesticides (i.e. chez les agriculteurs) serait possiblement associée à plusieurs maladies, dont celle d’Alzheimer. D’autres études ont aussi suggéré ces risques chez les populations agricoles. Lire ce rapport du MAPAQ pour plus de détails.
- Pour l’aspect environnemental de l’alimentation bio, je vous suggère de lire l’EXCELLENT et très convaincant livre de Bernard Lavallée (Le Nutritionniste Urbain) intitulé « Sauver la planète une bouchée à la fois ».
Vaccins
Soleil et écrans solaires
- L’exposition au soleil et les « coups de soleil » sont directement liés au cancer de la peau.
- Une étude souvent mal citée et interprétée dans le but de prétendre que la crème solaire est cancérigène : « sunscreen use, by permitting more time sunbathing, is associated with melanoma occurrence« .
- Selon la Société Canadienne du Cancer, une exposition de quelques minutes chaque jour fournit la vitamine D nécessaire à une bonne santé. Durant les mois d’automne et d’hiver, un supplément de vitamine D est recommandé.
- « Il faut s’exposer le moins possible, c’est ça la solution » : Je ne prétends pas ici qu’il faut complètement éviter le soleil, bien évidemment. Le point à retenir est que de se mettre plus de crème n’est pas une excuse pour s’exposer davantage. Lors d’une exposition prolongée, on peut aussi porter des vêtements avec protection UV et profiter de l’ombre pour augmenter la protection offerte par la crème.
Médicaments en vente libre
- À la question : « C’est quoi la différence entre acétaminophène, ibuprofène et acide acétylsalicylique (aspirine) ?« , on m’entend répondre : « C’est trois analgésiques, on s’en sert pour la douleur et pour la fièvre, dans les faits pour la plupart des gens, les trois il n’y a pas vraiment de différence« . Le contexte ne permet malheureusement pas d’apprécier la complexité de la question. Je faisais référence ici à leur efficacité comme analgésiques, mais il y a bien sûr plusieurs autres facteurs à prendre en considération, dont leurs précautions, interactions potentielles et leur contre-indications respectives. Par exemple, l’ibuprofène et l’aspirine doivent être utilisés avec prudence chez des gens qui ont des antécédents de saignements gastriques, ce qui n’est pas le cas avec l’acétaminophène. Aussi, les usages peuvent varier; par exemple, l’aspirine, en plus de son pouvoir analgésique, est utilisée comme anti-plaquettaire. Dans tous les cas, une personne qui souhaite prendre l’un ou l’autre de ces médicaments devrait d’abord consulter un(e) pharmacien(ne) pour s’assurer que cela peut être fait de manière sécuritaire.
- « Ton onguent qui sent fort, tu pourrais te mettre du dentifrice… ça contient les mêmes ingrédients« . Je faisais référence ici aux ingrédients « qui sentent fort » (menthol et eucalyptol, en particulier) utilisés dans certains de ces onguents et qui font également partie de nombreux autres produits de santé et d’hygiène. Il y a bien sûr d’autres ingrédients dans ces produits. Comme je le précise quelques instants plus tard, cela ne signifie pas que l’on peut se brosser les dents avec de l’onguent analgésique.
Produits naturels
- Méta-analyse Cochrane sur l’efficacité de l’échinacée : « Echinacea products have not here been shown to provide benefits for treating colds, although, it is possible there is a weak benefit from some Echinacea products: the results of individual prophylaxis trials consistently show positive (if non-significant) trends, although potential effects are of questionable clinical relevance« .
- Méta-analyse Cochrane sur l’efficacité des produits en vente libre contre la toux : « There is no good evidence for or against the effectiveness of OTC medicines in acute cough« .
- Méta-analyse Cochrane sur l’efficacité du miel pour la toux en comparaison avec le sirop DM : « Honey may be better than ‘no treatment’, diphenhydramine and placebo for the symptomatic relief of cough, but it is not better than dextromethorphan« .
- « L’artichaut, ça ne fait rien » : Ce sont les propos exacts de Marc Bilodeau, hépatologue au CHUM, interviewé pour l’épisode sur la « détox du foie » de la série télé. Je n’ai fait que le citer à TLMEP et je me suis avoué moi-même surpris. Je ne pense pas avoir déjà rencontré quelqu’un qui connaisse plus le foie que lui.
- Méta-analyse sur l’efficacité des probiotiques pour prévenir la diarrhée du voyageur : « Several probiotics (…) had significant efficacy. Probiotics may offer a safe and effective method to prevent TD ». Une autre méta-analyse ici.
- À propos des probiotiques pour la diarrhée des voyageurs, il faut cependant noter l’avis de l’INSPQ qui se veut conservateur : « En raison de la variabilité [des études] (…) On ne peut donc actuellement recommander l’utilisation à large échelle des probiotiques en prévention ».
Chaque épisode de la série télé Les Aventures du Pharmachien sera accompagné d’une liste de références comme celle-ci, sur le site de l’émission.
Je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont écrit à la suite de mon passage. Je n’ai pas pu tous vous répondre car vous étiez nombreux, mais sachez que c’est énormément apprécié !
*** Mise à jour le 29 nov. 2016 ***
Merci à tous de porter à mon attention les quelques articles qui prétendent me « fact checker« , disent parler de « vraie science » (?) et me présentent comme un « sombre personnage » (!). Jusqu’à présent, ces articles font exactement ce que je dénonçais à TLMEP : citer des études isolées et/préliminaires et/ou ou sans application pratique, pour en faire leur propre interprétation.
Ce n’est pas pour rien que je cite majoritairement des revues systématiques et des méta-analyses (i.e. des combinaisons statistiques de toutes les études réalisées sur un même sujet) plutôt que des études spécifiques. Il y aura toujours des études positives et d’autres négatives… mais c’est seulement quand on intègre l’ensemble des données disponibles qu’on peut en conclure quoi que ce soit.
Pour le public, tout ceci a l’air d’un combat d’études. De mon côté, ce que je constate, c’est qu’il est difficile pour la plupart des gens de juger de la qualité des données. Résultat : confusion totale, comme c’est le cas en ce moment.
Et cette BD est à lire plus que jamais :
*** Mise à jour le 12 déc. 2016 ***
Voici quelques textes de professionnels de la santé et scientifiques à ce sujet.
Bien manger, c’est faire preuve de bon sens par Jean-François Chicoine, médecin pédiatre
Pourquoi je défends le « Pharmachiant » par Alain Vadeboncoeur, médecin urgentologue
Le pouvoir de l’autosuggestion où le Dr Jean-François Chicoine, médecin pédiatre, est interviewé
[…] l’émission Tout le monde en parle a beaucoup fait jaser. Ce qui l’a incité à publier sur son site web la liste des études sur lesquelles il appuie ses […]