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Mais pire : plusieurs d’entre eux ont même déjà intégré une série d’arguments pour contredire le discours pro-environnement populaire…
Du côté du grand public, 79% des Canadiens sont d’accord avec le fait que la planète se réchauffe. Mais seulement 61% pensent que ce réchauffement est « en partie ou surtout » causé par l’activité humaine.
Or, tout ça fait pourtant l’objet d’un consensus scientifique très solide. Ça veut dire que nos efforts de communication scientifique ont leurs limites, ou ne sont pas au point.
Et considérant que les changements climatiques sont probablement le plus grand enjeu scientifique auquel l’humanité fait face en ce moment, il faut agir maintenant.
Malheureusement, même quand on veut bien faire et sensibiliser les gens à la crise environnementale, il peut nous arriver d’utiliser des arguments un peu louches… et qui peuvent même nuire à la cause.
En voici trois.
Un immense merci à Serge-Étienne Parent, ingénieur écologue, enseignant et chercheur à l’Université Laval, pour avoir vérifié les faits de cet article et suggéré plusieurs améliorations/précisions ! Suivez-le sur Facebook, Twitter et lisez-le sur Medium.
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Premièrement, parce qu’il est faux. Ce n’est pas 97% des scientifiques, ou même 97% des articles scientifiques sur le sujet.
Cette affirmation vient d’une publication du chercheur en communication scientifique John Cook qui, dans une revue de littérature, a estimé que 97% des articles scientifiques évalués endossaient l’idée que la Terre se réchauffe et que les activités humaines en étaient la cause principale.
Le bug, c’est que sa notion « d’endosser » n’était pas claire et vraiment super large. Certaines publications incluses ne quantifiaient pas l’impact de l’activité humaine. D’autres ne parlaient même pas d’activité humaine. Plusieurs scientifiques se sont plaints d’avoir été mal cités.
Deuxièmement et surtout, tout ça laisse croire au public que c’est la popularité d’une théorie qui décide si elle est bonne ou non. Selon cette idée, il suffit de réunir un paquet de scientifiques et de les amener à être relativement d’accord avec une affirmation pour obtenir un consensus.
Or, ce n’est pas comme ça que la science fonctionne.
L’argument du « 97% » se veut bien intentionné, mais vu qu’il est basé sur un raisonnement louche, il existe des tonnes d’articles et de sites web qui le démolissent complètement et facilement, surtout chez les défenseurs des combustibles fossiles (exemple).
Ça peut donner l’impression aux gens que le consensus climatique n’est pas aussi fort qu’on le prétend…
Ça peut aussi donner lieu à des questions sans réponse, du genre :
Quand on veut connaître la position de la communauté scientifique sur un enjeu, on ne fait pas des sondages.
On ne demande pas non plus l’avis de n’importe quels scientifiques, car la climatologie est un champ de recherche hyper spécialisé.
Ce qu’on fait, c’est regrouper le top des experts mondiaux dans un comité indépendant, afin qu’ils prennent position sur l’ensemble des données.
C’est pour cette raison que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, ou IPCC en anglais) a été créé. Au sein de cet organisme, des climatologues évaluent sans parti pris, de façon méthodique et objective, les recherches sur la science climatique. Les questions posées sont extrêmement précises et les réponses tiennent compte des incertitudes scientifiques. En fait, c’est difficile d’imaginer un groupe plus qualifié pour répondre à ces questions.
Les multiples rapports du GIEC sont clairs :
1) oui, la planète se réchauffe;
2) oui, l’activité humaine est un contributeur majeur au réchauffement actuel.
Autrement dit, le consensus scientifique sur les changements climatiques vient du fait que l’ensemble des données pointent dans la même direction.
Ça ne veut pas dire qu’on a toutes les réponses pour autant. Les éléments qui demeurent sujets à des débats scientifiques sont par exemple :
Mais dans tous les cas, la réalité des changements climatiques et le rôle important des humains ne sont pas en doute.
Parce qu’il confond la météo vs le climat.
La météo, c’est le temps qu’il fait dehors : la température, les précipitations, une tempête, etc. Elle peut varier énormément sur de courtes périodes. Par exemple, un été très chaud peut être suivi par un été frais, sans que ça ait une signification quelconque.
Le climat, ce sont des tendances, des « patterns » qui se dessinent sur des décennies, voire des siècles.
Peut-être, mais pas nécessairement.
Les recherches suggèrent que les changements climatiques vont probablement augmenter la fréquence des événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, inondations et sécheresses.
Mais en général, on ne peut pas associer les changements climatiques à un événement particulier, ou même à quelques événements.
Pour chaque exemple que tu donnes, ceux qui doutent de la réalité climatique vont facilement trouver un contre-exemple :
Aussi, c’est important de se rappeler qu’aucune conséquence précise des changements climatiques n’est « certaine » à ce stade.
Or, beaucoup de gens ont de la difficulté à accepter la notion d’incertitude en sciences.
La science des changements climatiques repose sur des modèles mathématiques d’une complexité difficilement imaginable pour le commun des mortels (i.e. toi et moi).
Pour fonctionner, ces modèles doivent assumer certaines choses comme vraies, en approximer d’autres, etc. Autrement dit, les spécialistes créent la meilleure estimation possible, sans pour autant prétendre que c’est totalement exact.
Mais ce n’est pas un problème, car de toute façon, les climatologues parlent en termes de probabilités / scénarios possibles.
Même dans le scénario le plus conservateur (i.e. le plus climato-sceptique et/ou celui où on changeait dramatiquement la société et notre mode de vie), le réchauffement planétaire se produit, mais à un niveau moindre, avec des conséquences moins catastrophiques.
Mais dans tous les cas, les conséquences seront vraisemblablement majeures.
D’ailleurs, parlant de « conséquences »… elles seront sur quoi, ou sur qui ?
C’est plate à dire, mais la planète n’a pas besoin d’être sauvée.
Le problème ici est qu’on a de la difficulté à penser en termes d’âge géologique de la Terre :
La Terre a déjà été couverte d’océans de lave et de souffre bouillant. Elle a survécu, entre autres, à cinq ères glaciaires. Elle a résisté à de véritables apocalypses, dont des impacts de météorites géantes.
Cinq extinctions de masse se sont déjà produites, à intervalles de 50 à 100 millions d’années, entraînant à chaque fois la disparition de la quasi-totalité des espèces (la 6e est en cours, à une vitesse jamais vue, par notre faute).
Si l’humanité disparaissait demain matin, la vie trouvera probablement son chemin et se poursuivra bien après nous. Et la planète, sans aucun doute, survivra TRÈS longtemps – et se portera sûrement beaucoup mieux – après notre départ.
Tu donnes l’opportunité aux gens qui doutent de la réalité climatique de te traiter de hippie.
Ce n’est pas tant la Terre qui doit être sauvée : c’est surtout…
Les changements climatiques pourraient menacer la santé et la survie de populations entières :
C’est sûr que ça serait plate d’exterminer la quasi-totalité des espèces sur Terre par négligence… Et vu qu’on ignore s’il y a de la vie ailleurs dans l’Univers, ça serait bien d’en préserver la diversité autant que possible. En ce sens, cet argument n’est pas complètement mauvais et se défend. Mais même là, il n’interpellera jamais certaines personnes, qui ne se sentent tout simplement pas concernées par la préservation de la biodiversité.
Bref, soit on fait en sorte que le climat futur va permettre la vie humaine, soit on quitte la planète et on s’en va en polluer une autre ailleurs.
Nous sommes nombreux à être informés et sensibilisés sur la réalité des changements climatiques.
Malheureusement, plusieurs personnes continuent à croire que cette crise est incertaine, voire inventée.
On ne peut pas les blâmer : c’est vraiment difficile de se faire une idée sur un sujet aussi complexe et, comme pour tous les enjeux en science, les informations qui circulent sont souvent contradictoires.
C’est donc important d’aborder les changements climatiques en utilisant les bons arguments, et de rappeler les impacts qu’ils auront sur nos activités quotidiennes.
Éventuellement, ceux et celles qui refusent de voir la réalité n’auront plus vraiment le choix d’y « croire ». Mais on n’a pas tellement le luxe d’attendre…
D’ici là, concentrons-nous sur la vaste majorité des gens, qui ne demandent pas mieux que d’avoir accès à la bonne information.
AVERTISSEMENT – En date du 23 avril 2019, la section Commentaires ci-dessous est monopolisée par des propos climato-sceptiques qui, bien honnêtement, ressemblent à s’y méprendre aux commentaires sous cette autre BD. Bref, ce qui suit est à lire avec beeeeaaaaauuuucoup de prudence.
*** MISE À JOUR – 27 SEPTEMBRE 2019 ***
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