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insultes – Le Pharmachien https://lepharmachien.com par Olivier Bernard, pharmacien (B.Pharm, M.Sc, FOPQ) Fri, 26 Apr 2024 13:05:44 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.21 https://i1.wp.com/lepharmachien.com/wp-content/uploads/2022/12/cropped-favicon.png?fit=32%2C32&ssl=1 insultes – Le Pharmachien https://lepharmachien.com 32 32 Dans la tête d’un conspirationniste https://lepharmachien.com/conspirations/ Wed, 22 Apr 2020 04:45:46 +0000 http://lepharmachien.com/?p=7839 La pandémie de la COVID-19 nous a fait réaliser beaucoup de choses… comme le fait que nous avons tous des conspirationnistes  / complotistes parmi nos amis et dans notre famille.

 

Il faut savoir que la pensée conspirationniste, on l’a tous à un certain degré. Ce sont en fait des mécanismes qui font partie du cerveau humain normal.

 

Mais on ne devient pas tous des conspirationnistes pour autant, parce qu’on se raisonne et on constate que ça n’a pas d’allure.

 

conspirations covid-19 raisonnement

 

Chez les conspirationnistes, ce raisonnement normal n’arrive jamais, parce que ça fait partie de leur personnalité et de leur identité. Ils se perçoivent comme des « sceptiques », pensent être des champions de l’esprit critique, et doutent de tout. Donc ils ne font plus confiance à rien, et rien ne peut les aider.

 

Je suis sérieux : vous ne pouvez absolument rien faire pour eux à part les ignorer, ou faire en sorte qu’ils aient le moins de visibilité possible.

 

Ce qu’on PEUT faire par contre, c’est d’en parler et de s’éduquer sur la pensée conspirationniste.

 

Donc dans cet article, j’ai pensé décrire quelques-uns des mécanismes impliqués dans les théories de conspiration, et d’utiliser certains exemples précis de la COVID-19 pour les illustrer.

 

avertissements pharmachien

  • Le but de mon article n’est pas de déboulonner / debunker les théories de conspirations en tant que telles. Toutes ces théories sont farfelues et absurdes (et surtout fausses jusqu’à preuve du contraire). Si ça t’intéresse, d’autres le font très bien. Et il y a une page Wikipedia très complète sur le sujet.
  • La pensée conspirationniste est un domaine de recherche assez récent, donc on ignore encore largement le rôle respectif des mécanismes présentés ici. Tout ça évolue, comme toujours en science.
  • Ma liste de mécanismes n’est pas exhaustive. Si le sujet t’intéresse, tu trouveras des tonnes de lectures sur le sujet de l’heuristique et des biais cognitifs (note : c’est trippant). Aussi, mon tome 3 parle de ça.
  • Depuis environ 2017, j’ai tenté d’adopter un ton plus rassembleur et moins polarisant (i.e. un peu moins baveux) dans mes contenus, dans le but d’interpeller le maximum de personnes et d’avoir autant d’impact que possible sur les perceptions et comportements; c’est normal d’évoluer comme vulgarisateur. Mais ici, difficile de ne pas être polarisant envers les personnes qui propagent des théories de conspiration… cela dit, l’article ne s’adresse pas à elles.
  • Les captures d’écran ci-dessous viennent de quelques conspirationnistes au Québec et ailleurs. Je vais cacher leur identité, car encore là ça serait leur donner de la visibilité. Dans quelques cas, j’ai raccourci le texte en collant ensemble les bouts importants (donc inutile de me dire que c’est une conspiration s’il manque des mots dans ton post conspirationniste préféré).

 

 

 

 

Complots, corruption, fraude, secrets cachés… ce sont toutes des choses qui se produisent pour de vrai. Suffit de lire les journaux pour voir que des scandales réels et des complots dégueulasses, il y en a à la tonne.

complots fraude corruption

 

Bref, ce ne sont pas des « théories de conspirations », parce que les complots sont réels, appuyés par des preuves solides, ou du moins, ils sont relativement plausibles.

 

Le problème, à mon avis, vient du vocabulaire utilisé. En anglais, on distingue « Conspiracy » (conspiration, complots, fraude, etc.) de « Grand Conspiracy » (grande conspiration, on va dire).

 

Quand on parle de « théories de conspirations » dans le langage populaire, on fait référence aux grandes conspirations.

 

Ce sont celles qui ont des implications tellement gigantesques et démesurées qu’elles ne sont pas plausibles. Par exemple, le mouvement anti-vaccins repose sur une théorie de conspiration, parce que si on croit que les vaccins ne sont pas efficaces et/ou sécuritaires, ça implique que la quasi-totalité des…

  • … scientifiques
  • … professionnels de la santé
  • … chercheurs indépendants
  • … experts de la santé publique
  • … organismes réglementaires
  • … analystes du gouvernement

… sont soit à la solde de l’industrie pharmaceutique, soit muselés ou censurés, soit incroyablement incompétents et naïfs.

 

anti-vaccins conspiration millions scientifiques secret

 

Chez les conspirationnistes, le fait qu’il existe des complots ou de la fraude justifie que les grandes conspirations sont tout aussi plausibles. C’est pour ça qu’on voit présentement des comparaisons entre la COVID-19 et des scandales sanitaires, politiques ou financiers (la commission Charbonneau, par exemple).

 

 

Pour être clair, certains complots sont vraiment surprenants et probablement qu’on n’y aurait pas cru avant qu’ils éclatent au grand jour; je pense entre autres à Watergate, ou aux révélations d’Edward Snowden sur la surveillance de masse. Donc en ce sens, ce n’est pas « impossible » qu’une théorie de conspiration s’avère éventuellement réelle.

 

Mais la vaste majorité de celles proposées est basée sur des arguments tellement faibles qu’on ne pourrait pas présumer d’emblée qu’elles sont plausibles. En fait, leur raisonnement est tellement pauvre et bordélique que les conspirationnistes eux-mêmes n’arrivent pas à s’entendre sur laquelle des multiples versions de leur théorie préférée est la bonne.

 

À titre d’exemple, voici les différentes versions d’une théorie de conspiration COVID-19 qui implique les ondes électromagnétiques du réseau 5G :

 

covid-19 coronavirus 5G

 

On a déjà un peu de recherche à propos des théories de conspiration COVID-19, et on sait qu’elles reposent dans presque tous les cas sur des faits clairement déformés ou complètement inventés. Et en général, elles n’ont même pas de sens scientifiquement.

 

Bref, c’est correct et même souhaitable de rester méfiants sur ce qui se passe dans les grandes entreprises et au sein du gouvernement; c’est ce que je fais moi-même. Mais quand le complot proposé devient un film de science-fiction sans scénario qui se tient et avec des rebondissements improbables qui sortent de nulle part… c’est correct aussi de juste l’ignorer.

 

 

 

 

 

(« hyperactive agency detection » en anglais… pas de traduction française officielle à ma connaissance)

 

L’être humain a tendance à présumer automatiquement que les changements autour de lui sont causés, volontairement, par une force ou intelligence extérieure. C’est ce qu’on appelle la détection d’agent (ou d’agentivité).

 

Supposons que tu te promènes dans la forêt et que tu entends une branche craquer. Ton premier réflexe sera de te demander quelle sorte d’animal (agent) a fait craquer la branche.

 

Pour les anciens humains, c’était avantageux de tenir pour acquis que toute manifestation imprévue était un danger potentiel (prédateur, ennemi, etc).

 

détection d'agent

 

Bref, c’est un système essentiel, un raccourci qui s’est développé dans l’évolution pour nous protéger.

 

Mais dans la pensée conspirationniste, la détection d’agent est hyperactive : la personne attribue des agents là où il n’y en a tout simplement pas.

 

Par exemple, les conspirationnistes n’acceptent pas que la pandémie soit le résultat du hasard. Il faut absolument qu’un agent (une intelligence) en soit à l’origine. Parmi les candidats proposés :

  • Le gouvernement chinois
  • Bill Gates
  • Les compagnies de téléphonie 5G
  • L’armée
  • L’État profond (« deep state » aux États-Unis)
  • L’industrie pharmaceutique

 

D’autres y voient une sorte de manifestation divine, spirituelle ou ésotérique. Ça aussi c’est un « agent ».

 

 

Pourtant, on sait depuis longtemps que le fait de vivre en trop grande proximité avec (ou pire, manger) des espèces animales exotiques augmente le risque que des nouveaux virus fassent leur chemin chez l’humain. La pandémie n’est donc pas totalement le fruit du hasard…

 

… mais c’est très différent de présumer que Bill Gates a financé sa création dans un laboratoire secret.

 

bill gates covid-19

 

Donc à la limite, s’il y a un « agent » dans la pandémie de la COVID-19, c’est l’humanité en tant que telle.

 

 

 

 

 

(expression compliquée pour dire qu’on voit des patterns là où il n’y en a pas)

 

Quand on regarde les nuages, on voit des formes y apparaître : personnes, animaux, objets, etc. C’est que notre cerveau est super bon pour voir des patterns qui n’existent pas (on appelle ça la paréidolie, d’ailleurs).

 

Heureusement, la plupart des gens sont conscients que ces patterns ne sont pas réels. Donc dans une deuxième étape, ils se raisonnent.

 

PERCEPTION DE CONFIGURATION ILLUSOIRE patterns

 

Chez les conspirationnistes, cette deuxième étape est altérée. Donc le pattern qu’ils ont l’impression de voir dans un ensemble d’événements aléatoires demeure réel dans leur tête.

 

Un bon exemple, c’est la théorie de conspiration selon laquelle la tragédie du 11 septembre 2001 était annoncée d’avance dans une tonne de chiffres et calculs bizarres.

 

11 septembre chiffres coincidences conspiration

 

Ce sont simplement des coïncidences. On pourrait trouver beaucoup plus de calculs et de chiffres en lien avec l’événement qui ne vont pas du tout dans ce sens-là. 

 

Dans le cas de la COVID-19, on a vu beaucoup de conspirationnistes prétendre que les chiffres offerts par la santé publique sont gonflés, se tracer leurs propres courbes, analyser leurs propres données… et y voir des patterns qu’eux seuls jugent avoir remarqué.

 

covid-19 conspirations courbes chiffres gonflés

 

Ils voient aussi un sens caché dans certains mots, chiffres ou lettres:

 

 

Ou encore, ils voient des liens exagérés dans des événements banals.

 

covid-19 anthony fauci bill gates

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les conspirationnistes déploient beaucoup d’efforts pour nous convaincre qu’ils/elles sont des personnes très allumées, critiques, des esprits libres en quête de vérité qui se questionnent constamment et osent remettre en question l’autorité.

 

Autrement dit : « Je ne suis pas conspirationniste, sauf que… »

 

je ne suis pas conspirationniste MAIS

 

Ils vont même parfois partager des trucs pour reconnaître les fake news sur le web, et des memes sur l’esprit critique et le scepticisme…

 

covid-19 meme joker esprit critique

 

… ou prétendre qu’ils/elles ont une logique implacable.

 

covid-19 conspirationniste logique

 

Mettons quelque chose au clair.

 

Quand on parle de « scepticisme », on parle en fait de scepticisme scientifique (ou rationnel). C’est une position épistémologique (étude de la connaissance), dont les bases modernes ont été précisées entre autres par Carl Sagan. Ce courant stipule notamment que toute allégation doit être soutenue par des preuves factuelles suffisantes. Les arguments sont évalués selon leur qualité. Les biais de raisonnement sont considérés et idéalement contrôlés dans la démarche. Et toutes les hypothèses alternatives doivent être évaluées avant d’accepter une théorie (i.e. on doit chercher d’autres explications à celle qui nous semble évidente de prime abord).

 

En langage plus simple, ça veut dire qu’être réellement « sceptique », c’est d’appliquer la démarche scientifique.

 

Or, dans la pensée conspirationniste, on est en fait à l’inverse de la démarche scientifique. De façon très résumée :

 

démarche scientifique conspirationniste

(c’est aussi la démarche utilisée par les pseudosciences en général)

 

Bref, remettre en doute le consensus scientifique, se baser sur ses propres données, ou faire la promotion de théories de conspiration, ce n’est pas être sceptique, et ce n’est pas faire preuve d’esprit critique.

 

 

 

 

 

Notre cerveau a tendance à noter/retenir surtout les informations qui font notre affaire. Ce qui CONFIRME ce qu’on pense déjà, on le remarque et on le retient. Et on ignore/oublie le reste.

 

Un de mes exemples préférés, c’est les chicanes de couple à propos du siège de toilette (que j’ai moi-même vécues d’ailleurs).

 

chicane siège de toilette levé baissé

 

Encore une fois, le biais de confirmation touche 100% d’entre nous. En fait, c’est probablement un des bugs de notre cerveau qui affecte le plus nos souvenirs et notre quotidien.

 

C’est juste que chez les conspirationnistes, on le voit à l’œuvre plus facilement.

 

Par exemple, ils vont conseiller d’ignorer tous les experts qui ne vont PAS dans le sens de leur idéologie, disant qu’ils sont « vendus » ou « non-crédibles »… pour ensuite choisir et citer leurs propres experts.

 

didier raoult autorité biais de confirmation

 

Ou encore, ils vont « en prendre et en laisser » dans les propos d’un expert, selon ce qui fait leur affaire ou non, comme ici :

 

naturopathe anti-vaccins paul offit

 

Ils vont aussi voir des soudaines « preuves » ou révélations extraordinaires (qui confirment leurs idées) à partir de déclarations banales et non-controversées.

 

 

Mais surtout, le biais de confirmation se manifeste quand on fait des recherches sur Internet.

 

On pense qu’on cherche la vraie réponse à notre question, mais inconsciemment, nos recherches vont surtout dans le sens de ce qu’on croit déjà.

 

Il n’y a aucun antidote contre le biais de confirmation, à part être conscient qu’il existe, ce qui amoindrit un peu son effet.

 

D’ailleurs, la plupart d’entre nous finiront par réaliser la complexité des sujets scientifiques et s’en remettre à des sources fiables, ou encore iront confirmer l’information auprès de personnes qui s’y connaissent.

 

 

Mais chez les conspirationnistes, les sources d’informations utilisées sont extraordinairement mauvaises, ils se les échangent entre eux et rejettent tout ce qui vient de l’extérieur. Donc ils/elles se retrouvent prisonniers de leurs théories, incapables de voir autre chose.

 

mercola

(un autre bon exemple est la femme plus haut qui disait avoir lu « plus de 1000 heures » sur le sujet dans sa vie)

 

 

 

 

 

Les conspirationnistes se font ramasser solide présentement, avec raison. Leur stratégie préférée est alors de :

  • crier à la censure
  • prétendre être persécutés pour leur ouverture d’esprit
  • se positionner en nobles sonneurs d’alarme
  • se plaindre qu’ils se sentent comme dans le roman 1984, victimes d’un « crime de pensée »
  • clamer haut et fort leur supériorité intellectuelle
  • affirmer qu’ils sont le dernier bastion de la liberté d’expression et de l’intégrité
  • traiter les autres de moutons (ou autre animal jugé anthropomorphiquement crédule)

 

victimisation persécution conspirationnistes

Ça n’avance pas vraiment leur cause cela dit. C’est juste gossant.

 

 

 

 

 

Comme tu peux le constater, il n’y a pas de ligne claire entre une personne « conspirationniste » ou non, car les mécanismes de la pensée conspirationniste sont présents chez tout le monde. Aussi, si une personne se pose des questions, qu’elle a des doutes ou des inquiétudes en lien avec une des théories proposées, c’est tout à fait correct et normal ! En ce sens, c’est une excellente idée de garder la discussion ouverte.

 

Donc une autre façon de voir les choses, c’est de se dire qu’il y a des personnes intéressées et ouvertes à la discussion… et d’autres qui ont déjà toutes leurs réponses et ne veulent que prouver leur point. C’est avec ces dernières que la conversation est perdue d’avance.

 

Donc voici quelques conseils : 

 

À NE PAS FAIRE

  • Donner de la visibilité aux personnes qui font la promotion de théories de conspiration, leur offrir une plate-forme pour répandre leurs idées, ou partager leurs posts.
  • Les inviter dans les médias (ça semble une évidence, mais pas toujours respecté).
  • Tenter de « débattre » individuellement avec eux.
  • Les provoquer ou les insulter.

 

À FAIRE

  • En parler (entre personnes intéressées au sujet).
  • Démontrer (avec l’humour, par exemple) à quel point c’est facile de créer des fausses conspirations.
  • Fournir des liens vers des sources crédibles pour les personnes intéressées.
  • S’éduquer et se sensibiliser collectivement aux dangers de la pensée conspirationniste.
  • Se familiariser avec les fondements de l’esprit critique (le vrai, pas celui que les conspirationnistes prétendent avoir).

 

Si un de tes proches est tombé dans les théories de conspiration, l’idéal est d’éviter ces discussions avec lui/elle.

 

Mais si malgré tout ça il insiste pour en débattre avec toi, voici ce que je te propose de lui répondre :

 

 

P.S. Exceptionnellement, je n’ouvre pas la section commentaires ci-dessous; ça deviendrait juste un babillard pour encore plus de conspirations. Mais tu peux me suggérer une correction ou précision.

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Injections de vitamine C : la cause VS la réalité https://lepharmachien.com/injections-vitamine-c/ https://lepharmachien.com/injections-vitamine-c/#comments Tue, 03 Jul 2018 13:22:45 +0000 http://lepharmachien.com/?p=5993 (Considérant mon passé trouble avec le jus d’orange, je devrais éviter de parler de vitamine C, mais bon…)

 

En mai 2018, une pétition signée par plus de 70,000 personnes a été déposée à l’Assemblée Nationale du Québec, avec l’objectif de faire autoriser les injections de vitamine C dans les cas de cancer. Questionné sur la pétition, le ministre de la santé de l’époque a ensuite précisé que, selon les oncologues consultés, cette intervention « n’avait aucune valeur clinique ajoutée ».

Une seconde pétition démarrée en janvier 2019 a recueilli plus de 120,000 signatures. Le gouvernement a finalement choisi de ne pas l’étudier, évoquant le « manque d’études crédibles sur le sujet ».

 

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Les personnes atteintes d’un cancer traversent des moments extrêmement difficiles et sont très courageuses. Certaines recoivent déjà des injections de vitamine C et jugent que cela les aide à mieux tolérer leur chimiothérapie; je leur souhaite sincèrement de pouvoir continuer à les recevoir.

Par contre, l’enjeu ici est plus large.

Le problème n’est pas que quelques personnes reçoivent ces injections. Le problème, c’est que l’engouement autour de cette histoire suggère que ça devrait être un traitement répandu, facilement accessible et utilisé régulièrement chez les patients souffrant de cancer. Or, ce n’est pas le cas.

Malheureusement, quand on lit les commentaires sous les articles de presse ou ceux qui accompagnent une autre version de la pétition, c’est clair que beaucoup de gens ne comprennent pas vraiment les enjeux entourant la question. Et je ne peux pas les blâmer, car c’est extrêmement difficile de se faire une idée sur le sujet, surtout si on se fie à ce qui se dit sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Donc j’ai pensé faire un survol des perceptions populaires VS la réalité sur la cause pro-vitamine C injectable.

(Note : les commentaires des gens ci-dessous sont réels et cités textuellement)

 

 

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Les injections de vitamine C ne traitent pas le cancer.

L’utilisation qui est suggérée dans la pétition est pour réduire les effets secondaires de la chimiothérapie, ce qui aurait pour but d’améliorer leur qualité de vie. Et malheureusement, à ce jour, les données ne sont pas concluantes pour cette utilisation non plus.

(autrement dit, il y a des études positives, d’autres négatives, et ces études n’ont pas de groupe placebo adéquat qui permettrait de savoir si l’effet est réellement dû à la vitamine C, ou encore n’ont pas un design qui permet de tirer des conclusions sur l’efficacité, donc globalement l’effet n’est pas clair et reste théorique; voir iciiciici et ici entre autres).

 

La croyance selon laquelle la vitamine C soigne toutes sortes de maladies, c’est une idée qui remonte aux années 70, mais qui s’est révélée fausse lorsque testée scientifiquement.

La seule chose qu’on guérit avec des injections de vitamine C, c’est le scorbut, une affection peu fréquente en cette époque post-Jacques Cartier.

 

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Ce n’est pas « illégal » d’injecter de la vitamine C au Québec.

Le problème n’est pas la légalité, mais le fait que ce n’est pas éthique, rationnel ou justifié de le faire en l’absence de preuves scientifiques solides.

Et d’ailleurs, ce n’est pas plus acceptable en Ontario qu’au Québec. Les médias ont parlé d’une clinique qui offre ces injections là-bas; il s’agit d’un centre de « médecine intégrative » (i.e. le nouveau nom donné aux thérapies alternatives / complémentaires / holistiques). Elle est dirigée par un naturopathe. Selon son site web, il n’y a qu’un seul médecin qui semble y pratiquer comme clinicienne, et elle n’est pas oncologue.

Bref, le fait que des cliniques en Ontario, dans le reste du Canada et aux États-Unis (il y en a plusieurs) offrent des injections de vitamine C n’est pas une preuve d’efficacité.

 

 

 

 

 

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J’ai vu des tonnes de comparaisons avec la légalisation du cannabis. Mais encore une fois, il n’est pas question de « légaliser » quoi que ce soit. Donc SVP, évitez les analogies qui ne tiennent pas la route.

 

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(note : histoire vraie)

 

 

 

 

 

g4871

 

Les injections de vitamine C ne semblent pas typiquement causer beaucoup d’effets secondaires, c’est vrai.

Mais le vrai problème, c’est que des données préliminaires suggèrent que la vitamine C pourrait NUIRE à l’efficacité de la chimiothérapie.

[À noter que lorsqu’on donne de la chimio pour des cancers incurables (i.e. soins palliatifs), ce n’est pas pour traiter le cancer en tant que tel, mais pour diminuer la douleur et prolonger la vie. Donc si la vitamine C diminue les chances que ça marche, c’est bel et bien important d’en tenir compte.]

Les cliniques qui offrent de telles injections le disent dans leurs propres références :

 

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D’autres études avec de la vitamine C orale ont dû être stoppées prématurément à cause d’effets toxiques qui semblaient causés par la vitamine C elle-même.

Ces effets ne sont pas surprenants. La vitamine C est un antioxydant, et certaines données in vitro ont formulé une théorie selon laquelle elle pourrait aussi avoir des effets inverses (i.e. pro-oxydants). Dans un cas comme dans l’autre, on parle de réactions dans le corps humain qui sont sujettes à un équilibre très délicat, avec des effets sur la santé qui demeurent à ce jour peu connus et donc largement imprévisibles.

Bref, c’est une erreur de voir ces injections comme inoffensives. D’ailleurs administrer des mégadoses de vitamines est toujours dangereux.

Pendant ce temps, on sait que les personnes atteintes de cancer qui choisissent d’utiliser des thérapies alternatives / complémentaires / intégratives / holistiques sont plus à risque de décéder de leur cancer : on parle d’un taux de mortalité de 2 à 6 fois plus élevé (voir ici, iciici, et lire ce commentaire pour plus de détails).

En résumé, si on accepte des données préliminaires d’efficacité, on doit aussi accepter celles qui suggèrent des dangers potentiels.

 

 

 

 

 

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L’animatrice Chantal Lacroix est connue pour son engagement social et son implication dans des causes humanitaires. Pour ça, bravo !

Mais ici, son commentaire est juste weird.

Le serment professionnel des médecins les engage à « [exercer] la médecine selon les règles de la science ». Et c’est exactement ce qu’ils font.

Prescrire un traitement risqué dont l’efficacité n’est pas prouvée, c’est pas plutôt ça qui serait « bafouer le serment d’Hippocrate » ? Est-ce ironique ça aussi ? (à ce stade je suis ben mêlé sur ce qui constitue de l’ironie ou non).

Bref, je trouve ça vraiment plate qu’une personne aussi influente que Mme Lacroix tente de faire avancer une cause en discréditant la communauté médicale avec des affirmations sans fondement.

D’autres amènent cette idée encore plus loin :

 

 

 

 

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Bon, les théories de conspiration de Big Pharma maintenant…

Faisons un peu de logique OK ?

 

D’ailleurs, une des personnes atteintes de cancer qui reçoit présentement des injections de vitamine C mentionnait récemment à la radio que cela lui permettait de rester plus longtemps sur la chimio.

Autrement dit, si les injections de vitamine C fonctionnent, elles sont profitables pour Big Pharma.

 

 

 

 

 

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À vrai dire, l’industrie des produits naturels est multi-milliardaire. Il y a des tonnes d’argent à faire, et ce, malgré une réglementation extrêmement déficiente.

Selon les infos que j’ai pu recueillir :

 

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C’est cher et pas accessible à tout le monde.

OK, on est loin des milliards de dollars récoltés par l’industrie… mais pour un thérapeute ou une clinique qui suit beaucoup de patients, il y a des dizaines ou même des centaines de milliers de dollars à faire chaque année.

(attention, je ne dis pas que le thérapeute ou la clinique administre la vitamine C dans le but de se faire de l’argent, mais simplement que oui, ça peut générer des profits significatifs)

 

 

 

 

 

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C’est ce que les États-Unis viennent de faire.

La loi « Right-to-try » (droit d’essayer), signée par Trump en mai 2018, permet aux patients en phase terminale d’avoir accès à tout traitement expérimental, peu importe son efficacité ou sa sûreté.

 

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À la base, ça peut sembler une bonne idée…

Mais ce qu’on oublie de mentionner, c’est que les patients en phase terminale, autant aux USA qu’au Canada, ont DÉJÀ un accès spécial aux traitements expérimentaux. Mais seulement ceux qui semblent fonctionner.

Quand ils ont recours au « right-to-try » par contre, ils deviennent essentiellement des cobayes pour des thérapies non supportées scientifiquement et perdent leurs droits fondamentaux en cas de problème. Ils peuvent donc facilement devenir les victimes de charlatans prêts à leur vendre une thérapie miracle (ça a déjà commencé d’ailleurs). Et personne ne peut être tenu responsable.

Pour la protection du public et des malades, j’espère qu’on ne choisira pas cette voie au Canada.

 

 

 

 

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(désolé pour ce design de titre quétaine, c’était plus fort que moi)

 

Je comprends tout à fait ceux et celles qui s’attachent à cette cause, et tout ce qui entoure le cancer me tient moi-même énormément à cœur.

 

Mais en même temps, je réalise qu’en parlant de ce sujet de manière très cartésienne, en en faisant des blagues pour alléger le propos, je sonne probablement pour certaines personnes comme fermé d’esprit et sans-cœur. 

 

Or, un des messages les plus importants que je tente de véhiculer avec Le Pharmachien, c’est qu’appliquer la démarche scientifique quand vient le temps de faire des choix de santé, c’est l’un des plus grands services qu’on peut se rendre collectivement, et rendre aux personnes vulnérables.

 

Ce que je trouve le plus dommage de toute cette histoire, c’est que beaucoup de gens resteront avec une impression d’injustice. Et oui, ça peut sembler injuste. Mais quand on choisit d’appuyer une cause, on a la responsabilité de s’assurer qu’on comprend bien les enjeux, pas seulement de retenir ce qui fait notre affaire ou non.

 

Si la vitamine C en injection avait réellement « fait ses preuves », elles serait prescrite régulièrement en oncologie, car tout le monde (patients, médecins, industrie) serait gagnant.

 

Oui, ça se peut que certaines personnes en retirent des bienfaits (réels ou encore dus à l’effet placebo). Mais à ce jour, ça reste un traitement qui semble comporter des risques et dont les bienfaits sont incertains, et il est donc tout à fait normal qu’il soit peu ou pas utilisé en médecine pour le moment. C’est dans le meilleur intérêt des personnes atteintes de cancer.

 

P.S. J’ai fait une mini-enquête et il y a présentement un oncologue à Montréal qui prescrit des injections de vitamine C. Malgré tous mes efforts pour obtenir son nom, il souhaite rester anonyme… ce qui est vraiment étrange, considérant qu’il dit être à la tête d’un centre de recherche en oncologie (introuvable via Google) qui s’apprête à démarrer un essai clinique sur la vitamine C injectable. J’ai trouvé le numéro de téléphone du centre et j’ai parlé à sa coordonatrice, très gentille, qui m’a dit : « Je sais que vous croyez pas ben ben à ça, vous ». En fait, je n’aurai pas besoin d’y « croire » quand les résultats de l’essai clinique seront publiés et qu’on pourra les analyser. D’ici là, je pense qu’on doit rester sceptiques et prudents.

P.P.S. Une version précédente de cet article mentionnait le nom de la dépositaire de la pétition, avec qui j’ai eu la chance de discuter à quelques reprises et qui m’ai fourni plusieurs informations pour cet article; je disais d’ailleurs des bons mots à son sujet. Malheureusement, certains lecteurs/trices ont choisi de voir mon texte comme quelque chose de personnel envers elle, donc finalement j’ai décidé d’anonymiser le tout, avec son accord.

 

 

 

*** MISE À JOUR – 21 JANVIER 2019 ***

Une nouvelle version de la pétition est en circulation. La pétition demande encore une fois d’« autorise[r] les médecins à prescrire la vitamine C », et propose également « de mettre sur pied un Registre québécois de la vitamine C par perfusion ». La pétition a aussi été mentionnée à l’émission Tout le monde en parle le 20 janvier 2019.

Voici quelques réflexions et développements à ce sujet :

  • Tel qu’expliqué dans mon article, « autoriser » la vitamine C n’est toujours pas un enjeu réel, puisque cette intervention est déjà autorisée. Ce sont les aspects scientifiques et éthiques qui posent problème. Créer un registre ne changera pas les objections à ce niveau.
  • En 2018, des oncologues de Montréal disaient, dans les médias, s’apprêter à démarrer un essai clinique sur le sujet. À ce jour, aucune information n’a été fournie à cet effet. Or, toute recherche se doit d’être approuvée par des comités d’éthique bien avant que celle-ci puisse débuter. Et la dernière fois qu’une étude a été réalisée sur le sujet à Montréal, ça semble être en 2010.
  • Certaines personnes font présentement la promotion d’une publication scientifique par Alexander et al. (2018) et prétendent que cette dernière « prouve les bienfaits des injections de vitamine C » pour les gens sous chimiothérapie. Or, cette publication ne prouve rien de tel; il s’agit principalement d’expériences pré-cliniques (i.e. in vitro et sur des animaux), et d’un bref survol des données préliminaires pour une étude pilote (Phase I) chez les humains en lien avec la radiothérapie (pas la chimio). Mais surtout, ce type d’étude (Phase I) ne permet pas d’évaluer l’efficacité d’une intervention, ce que les auteurs avouent eux-mêmes (subtilement) plus tard dans la publication. D’ailleurs, j’ai même pris l’initiative d’écrire aux éditeurs du journal Cancer Research pour les aviser que le résumé de cette publication contient, à mon avis, des affirmations trompeuses et possiblement non-éthiques. Ils m’ont répondu qu’ils prennent cet avis très au sérieux et qu’ils me reviendront avec leur décision.

 

 

*** MISE À JOUR – 30 JANVIER 2019 ***

Article de Jean-François Cliche sur le dossier de la vitamine C injectable publié aujourd’hui.

Le Scientifique en chef du Québec s’est prononcé dans le même sens.

Et ce que j’espère pour la suite :

 

 

*** MISE À JOUR – 5 FÉVRIER 2019 ***

Des personnes diffusent en ce moment une nouvelle selon laquelle l’Université de Sherbrooke aurait reçu une subvention de 2.8 millions de dollars pour étudier la vitamine C injectable. Or, c’est vrai… mais c’est pour une indication totalement différente, soit le choc septique (une complication grave de certaines infections). C’est donc un tout autre mécanisme d’action qui est à l’étude, et il n’y a pas de lien à faire avec le cancer à ce stade.

 

 

*** MISE À JOUR – 11 FÉVRIER 2019 ***

Le journaliste Jean-François Cliche a poursuivi l’enquête et s’est informé auprès du Ministère de la Santé de l’Ontario pour connaître leur position sur les injections de vitamine C dans les cas de cancer. Sans surprise, cette pratique n’est pas considérée  scientifiquement ou éthiquement acceptable là-bas non plus, contrairement à ce qui est énoncé dans la pétition.

 

 

*** MISE À JOUR – 15 FÉVRIER 2019 ***

Les promoteurs de la pétition citent maintenant un nouvel article pour appuyer leurs propos. Or, contrairement à ce que laisse croire le titre, il s’agit d’un essai in vitro sur des cellules, qui est intéressant pour stimuler des recherches futures, mais qu’on ne peut en aucun temps extrapoler à l’humain. L’article mentionne aussi un essai de phase I chez 11 individus pour vérifier l’innocuité des injections de vitamine C (safety trial). D’une part,  cette étude n’est jamais référencée dans l’article, ce qui est très bizarre… Je présume qu’elle n’a jamais été publiée, et donc il est impossible de l’analyser ou de l’interpréter; j’ai écrit aux éditeurs du site pour avoir plus d’informations. Mais surtout, ce type d’étude ne peut vérifier 1) l’efficacité du traitement et 2) le risque de diminuer l’effet de la chimiothérapie (car la durée de l’étude était trop courte, soit 2 mois).

Contactée à ce sujet, l’auteure de l’article en question s’est opposée à ce que son texte soit utilisé en appui à la pétition, affirmant :

« I and Cancer Commons have never endorsed [this] position/petition and asked [the organizer] to remove the post from Facebook. While there are some data to support HD vit C, they are not conclusive. I am appalled that my name and Cancer Commons name were used without permission to support something on which we have no opinion. »

 

 

*** MISE À JOUR – 20 FÉVRIER 2019 ***

Les promoteurs de la pétition ont adopté une nouvelle stratégie (visiblement efficace) au cours des derniers jours, sans doute dans un sprint final avant son dépôt à l’Assemblée Nationale le 28 février 2019. Hier, Mme Chantal Lacroix a publié une vidéo qui résume bien les arguments actuels, et qu’on se doit de décortiquer parce qu’elle souligne à quel point il est important de se familiariser avec les fondements de l’esprit critique. La vidéo en question…

1. Continue de propager l’idée que les injections de vitamines C sont « illégales« , et que la pétition a pour but de les « légaliser« . Il s’agit ici d’une ambiguïté du langage, puisqu’en réalité, il n’est pas question de légaliser, ou même d’autoriser, quoi que ce soit, tel qu’expliqué dans le présent article.

2. Sous-entend que si les injections de vitamine C ne sont pas « légalisées« , les personnes atteintes d’un cancer devront peut-être se tourner vers l’aide médicale à mourir qui, elle, est légale. D’une part, cette comparaison est de mauvais goût, déplacée et indélicate envers les personnes en phase terminale. D’autre part, il s’agit d’un faux dilemme, qui donne l’impression qu’une personne peut devoir choisir entre l’une et l’autre, ce qui n’est pas le cas. Mais surtout, il s’agit d’une mauvaise analogie, car ces deux interventions sont envisagées dans des contextes extrêmement différents.

3. Ajoute que des dizaines de personnalités du monde artistique ont signé la pétition dans les derniers jours, et que cela démontre la validité des demandes. Il s’agit d’un argument de popularité; le fait que de nombreuses personnes/vedettes signent la pétition n’est pas un gage de quoi que ce soit.

4. Affirme que des « sommités » dans le domaine du cancer ont signé la pétition. D’une part, aucune « sommité » en oncologie ne s’est affichée comme signataire jusqu’à présent, à ma connaissance. Mais surtout, il s’agit d’un appel à l’autorité; même si certaines « sommités » avaient signé la pétition, cela ne garantit pas sa validité.

5. Affirme que même si on manque de données scientifiques sur les injections de vitamine C, « tout le monde est gagnant » en signant la pétition, car cette dernière permettra justement de recueillir plus de données via la création d’un registre. Cette affirmation est fausse, car créer un registre n’est aucunement un substitut à la recherche clinique, qui est nécessaire dans le cas présent. Un registre est une succession d’anecdotes recueillies dans un contexte non-contrôlé, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions sur l’efficacité de l’intervention. Les registres de médicaments permettent d’identifier certains effets secondaires qui semblent se produire plus fréquemment, ce qui peut se traduire en une vigilance plus accrue du gouvernement et du fabricant, et qui peut stimuler le développement d’études cliniques additionnelles. Bref, créer un registre de la vitamine C injectable n’aurait de pertinence que si cette intervention était déjà appuyée par des données convaincantes et donc qu’elle était jugée scientifiquement et éthiquement acceptable par les oncologues.

Ce n’est pas la première fois que Mme Lacroix ignore les critiques de scientifiques, ou qu’elle encourage des pratiques discutables sur la santé. Elle a visiblement de bonnes intentions, et je ne doute pas de sa sincérité dans cette démarche. Mais encore une fois, j’aimerais l’inviter à plus de prudence et de retenue lorsqu’il est question de santé, vue sa grande popularité et influence.

 

 

***MISE À JOUR – 28 FÉVRIER 2019 ***

Voici une question que j’ai posée au député Youri Chassin de la Coalition Avenir Québec sur un statut à propos de la pétition, à titre de référence future. 

 

Je n’ai pas eu de réponse, mais Mr Chassin a répondu ceci à un autre internaute :

 

 

 

*** MISE À JOUR – 1er MARS 2019 ***

J’ai expliqué ci-dessus pourquoi la création d’un registre, à mon avis, n’est pas appropriée dans ce dossier, mais je constate que je n’ai pas expliqué pourquoi je pense la même chose de la tenue d’une commission parlementaire sur la vitamine C injectable.

Selon l’Assemblée Nationale, « Les commissions parlementaires constituent le forum tout désigné pour examiner en détail les projets de loi ou d’autres questions d’actualité. Les députés y jouent aussi un rôle de contrôle de l’activité gouvernementale et de consultation publique sur les différentes questions qui animent la société. »

Je n’ai aucun doute sur la pertinence de ces commissions pour différentes questions d’intérêt public qui sont sujettes à des débats d’idées ou d’opinions. Mais dans le cas présent, l’enjeu est l’absence de données probantes pour appuyer la vitamine C injectable chez les personnes atteintes de cancer. Autrement dit, il n’est pas question d’opinions, mais de science.

Une commission ne générera pas de nouvelles données sur l’efficacité et la sûreté du traitement. Et même si le but était de discuter du financement d’une éventuelle étude clinique sur la vitamine C injectable, comment pourrait-on justifier que des fonds de recherche, si difficiles à obtenir, soient attribués sur la base de la popularité d’une pétition ? Ce n’est pas à une commission parlementaire de décider du financement de la recherche clinique, mais bien aux organismes spécialisés dans ce domaine, comme le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ), ou les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

J’aimerais rappeler qu’à ce jour, AUCUN expert ne s’est publiquement affiché comme endossant ce traitement.

En résumé, tenir une commission parlementaire pour discuter d’une question médicale aussi nichée, qui relève principalement d’une analyse critique des données probantes, est à mon avis une stratégie de lobbying politique qui contourne le processus scientifique, ce qui comporte des risques importants pour la médecine et le système de santé. C’est aussi, à mon avis, de l’argent public mal investi considérant le peu d’informations scientifiquement et cliniquement pertinentes pouvant découler d’une telle commission.

Note : Je suis loin d’être un spécialiste de la politique, et donc si j’ai tort, merci de m’amener des arguments précis qui me feront reconsidérer ma position. À ce jour, je n’en ai eu aucun.

 

 

*** MISE À JOUR – 4 MARS 2019 ***

Très dommage tout ça….

 

 

Et tel qu’annoncé, voici l’intégralité de ma conversation avec l’initiatrice de la pétition en 2018.

 

 

 

 

*** MISE À JOUR – 21 MARS 2019 ***

Des spécialistes ont décidé de se prononcer sur les aspects scientifiques de la vitamine C injectable :

P.S. Merci à toutes et à tous pour votre appui 🙂

 

 

 

*** MISE À JOUR – 24 MARS 2019 ***

J’ai brièvement commenté l’affaire lors d’un passage à l’émission Tout le monde en parle à propos de la vaccination :

 

 

 

*** MISE À JOUR – 4 AVRIL 2019 ***

 

« L’Assemblée nationale n’étudiera pas finalement une pétition controversée sur la vitamine C dans le cadre de traitements contre le cancer qui a recueilli près de 120 000 signatures.

En séance de travail jeudi, les élus des différents partis réunis à la commission de la santé et des services sociaux ont décidé de ne pas se saisir de la pétition. La décision a été prise à l’unanimité, notamment en raison du « manque d’études crédibles sur le sujet », selon une source qui a souhaité garder l’anonymat. »

Cliquez ici pour lire la décision complète du gouvernement du Québec.

 

 

 

 

*** MISE À JOUR – 1 MAI 2019 ***

Je peux maintenant confirmer que des résultats positifs ont finalement émergé de cette affaire:

  • Un groupe de travail gouvernemental a été créé par le Scientifique en Chef du Québec afin de protéger les scientifiques qui parlent en public de sujets sensibles (j’ai la chance de pouvoir y participer);
  • Un comité consultatif interprofessionnel a été créé par plusieurs ordres professionnels afin de soutenir les professionnels de la santé, tels que moi, lorsqu’ils parlent en public, afin qu’ils puissent le faire sans crainte de mesures disciplinaires.
     

Il est réconfortant de savoir que malgré les événements négatifs, il y a des répercussions positives de toute cette hiistoire. J’espère que ces initiatives aideront les autres à éviter des situations comme celle que j’ai vécue.

 

 

 

*** MISE À JOUR – 13 JUIN 2019 ***

En mars 2019, en réponse aux événememts cités dans cet article, plusieurs associations professionnelles avaient conjointement demandé à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) de rédiger un rapport officiel sur la pertinence clinique de la vitamine C injections.

La lettre mentionnait entre autres que : « L’éclairage de l’INESSS est crucial dans ce débat qui enflamme tant la presse traditionnelle que les réseaux sociaux, créant ainsi une pression indue sur les professionnels de la santé ».

Ceci est maintenant officiel et sera fait.

Un mandat INESSS est précisément ce que je souhaitais depuis le début. Je considère donc cela comme le meilleur résultat possible.

 

 

 

*** MISE À JOUR – 12 NOV. 2019 ***

C’est avec beaucoup de surprise, de gratitude et d’émotion que je viens de recevoir à Londres le Prix international John Maddox pour mon travail dans le dossier de la vitamine C injectable au Québec.

 

 

*** MISE À JOUR – 31 MAI 2022 ***

L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a déposé aujourd’hui son rapport sur les injections de vitamine C à haute dose chez les patients atteints d’un cancer au Québec. J’ai commenté cette nouvelle dans un autre article.

 

 

 

Merci à toutes et à tous pour votre intérêt envers ce sujet !

 

To read about this case in English, see here and here.

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https://lepharmachien.com/injections-vitamine-c/feed/ 266