Injections de vitamine C : la conclusion

Plus tôt cette semaine, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a publié son rapport portant sur les injections de vitamine C à haute dose chez les patients atteints d’un cancer au Québec.
 
En 2019, c’est le gouvernement qui avait mandaté l’INESSS pour faire cette évaluation, à la suite d’une pétition qui avait recueilli plus de 120,000 signatures et qui demandait d’approuver les injections de vitamine C. Cette pétition avait ensuite entraîné une série d’événements préoccupants et malheureux (détails ici).
 
Bref, l’INESSS est arrivé à la conclusion qui suit :
 
« À la lumière de l’ensemble de l’information répertoriée et en l’absence de démonstration d’efficacité clinique, l’INESSS est d’avis que la vitamine C à haute dose ne devrait pas être offerte aux personnes atteintes de cancer, quelle que soit la visée thérapeutique recherchée. Cette modalité de traitement ne devrait être offerte que dans le cadre d’un essai clinique. »
 
En résumé, les données scientifiques n’appuient ni l’efficacité, ni la sûreté des injections de vitamine C pour les personnes atteintes de cancer. Ils sont arrivés à cette conclusion en procédant à une revue systématique, l’analyse la plus complexe et rigoureuse qui pouvait être faite, et qui tient compte non seulement de toutes les données qui existent, mais aussi de leur qualité, fiabilité, biais, etc. Autrement dit, cette conclusion est très solide.
 
À noter que l’INESSS reconnaît entièrement dans son rapport l’importance des demandes de la pétition, soit d’améliorer la qualité de vie et la gestion des effets secondaires des patients atteints d’un cancer. Mais tout indique que les injections de vitamine C ne répondent malheureusement pas à ces besoins, du moins pas à la lumière des connaissances actuelles.
 
Même si ce rapport de l’INESSS était crucial pour clore les débats sur le plan scientifique, il ne va sûrement pas satisfaire tout le monde, ce qui est normal. Comme je l’écrivais dans mon article à l’époque, derrière la pétition, il y avait avant tout un désir d’offrir de l’aide et du soulagement à des personnes qui souffrent énormément. Une solution de plus. Mais ici, on apprend que cette solution ne sera pas ajoutée. Ce sera décevant, et peut-être même fâchant, pour certaines personnes, et je peux comprendre. La communauté scientifique et médicale fait tout en son pouvoir pour en trouver, des solutions, mais je sais que ça semble souvent trop long et laborieux. Le processus scientifique en est un de longue haleine, constitué de mini-victoires qui s’accumulent sur des années, voire des décennies.
 
De l’autre côté, mettre de la pression populaire sur le gouvernement pour faire approuver ou rembourser des traitements est un phénomène qui devient de plus en plus commun. D’ailleurs, un médecin québécois a récemment posé une question importante sur Twitter : à quand une pétition soutenue par une célébrité ou personne influente, pour faire rembourser les nouveaux médicaments contre le diabète ? En effet, certains des meilleurs traitements ne sont pas couverts par le régime public, et à ce niveau, la science est pourtant convaincante.
 
Je le disais aussi à l’époque, mais je veux réitérer ce point : appliquer la démarche scientifique quand vient le temps de faire des choix de santé, c’est l’un des plus grands services qu’on peut se rendre collectivement, et rendre aux personnes vulnérables. Donc je dois vous avouer que ça m’inquiète un peu de voir toutes les manières par lesquelles la science peut être contournée à des fins idéologiques et politiques. Et la santé est juste un des nombreux exemples de ça (du genre, tout ce qui concerne le climat et l’environnement).
 
Et donc, je pense qu’on doit tous redoubler d’efforts pour s’assurer que les gens en position de pouvoir comprennent, apprécient et respectent la démarche scientifique.
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